Joaquim Maria MACHADO de ASSIS (1839-1908)Machado se montre un observateur critique et parfois cynique de la nature humaine. La vie sociale y est présentée comme un jeu féroce où ceux qui ont le plus d'ambition et le moins de scrupules écrasent les plus faibles. Le thème de la jalousie et de la rivalité joue un grand rôle dans son œuvre (Esaü et Jacob, Dom Casmurro) comme dans celle de Shakespeare. Mais Machado est aussi un amoureux de la vie, un hédoniste qui sait faire preuve de compassion. Joaquim Maria Machado de Assis est un écrivain brésilien (Rio de Janeiro, 21 juin 1839 - Rio de Janeiro, 29 septembre 1908), fondateur et « Président Perpétuel » de l'Académie brésilienne des lettres. Machado se montre un observateur critique et parfois cynique de la nature humaine. La vie sociale y est présentée comme un jeu féroce où ceux qui ont le ... |
Joaquim Maria MACHADO de ASSIS - Dom Casmurro (autobiographie)"Métis, fils d'un nègre et d'une blanchisseuse, Machado de Assis est certainement une des âmes les plus aristocratiques qui se soient jamais égarées sur les chemins de ronces et de fleurs de ce monde incompréhensible. Preuve que la théorie de l'hérédité n'est qu'une erreur grossière. Il fut très pauvre, puis un peu moins pauvre, mais ne sortit jamais, pas plus que de saville, de la médiocrité, et il ne connut pas la gloire que très tard ; mais de toute manière il avait un coeur trop noble pour la désirer." Benhito est un adolescent jaloux, voué à la prêtrise par une mère aimée et pieuse. Pourtant, ses ambitions sont toute autres et exclusivement dirigées vers Capitou, sa jolie petite voisine « aux yeux de ressac », dont il tombe profondément amoureux. L'histoire est racontée par le vieux Benhito, un être devenu renfermé, affublé du surnom de Dom Casmurro (Monsieur du Bourru), qui plonge dans ses souvenirs pour revivre en douceur sa crise d'adolescence et la vie chaotique qui s'ensuivit dans le Rio languide du Second Empire brésilien… L'histoire est simple, belle et triste à la fois, comme toute vie amoureuse, remplie de bonheur et de tracas. Mais l'intérêt de ce livre réside dans sa forme et son style. En cent quarante-huit chapitres courts, d'une à deux pages, souvent drôlement titrés (En route !, Raconté à la hâte, Où l'on revient sur des explications, Doutes sur doutes, Bon, et la fin ? ), on suit pas à pas le cheminement intérieur de l'adolescent vu par lui-même, des décennies plus tard. Le narrateur argumente tout, son recul, ses sentiments, replace les à-côtés de l'histoire afin de clarifier certaines scènes et surtout, ô jubilation de lecture, il prend le lecteur à partie, l'apostrophe, se met à sa place et lui dit qu'il se trompe ou qu'il a raison ! Une voix extraordinaire que l'on entend tout le long du récit, qui parle au lecteur comme à un ami, avec un humour fin, de l'ironie, de la folie, de la complicité, une légèreté de ton sur des thèmes douloureux (la maladie, la mort, la solitude) ; un tout qui fait éclater le temps, l'intrigue, la narration. C'est un immense plaisir de lecture car le procédé en ressort grandi. Voici quelques citations qui m'ont fait éclater de rire : « Tout cela est obscur, ma chère lectrice, mais c'est la faute de votre sexe qui perturbait ainsi l'adolescence d'un pauvre séminariste. » « Eh bien, soyons heureux une bonne fois, avant que le lecteur, séchant sur pied à force d'attendre, ne se décide à aller prendre l'air ; marions-nous. » « Nous nous occupions de tout, selon la nécessité et l'urgence, cela va sans dire, mais il est des lecteurs si obtus, qu'ils ne comprennent rien si on ne leur relate pas tout le reste. Passons au reste. » Sorties de leur contexte, peut-être n'ont-elles pas la force qu'elles prennent dans le récit. Donc un conseil, laissez-vous charmer par Machado de Assis qui prend un ton décalé et heureux pour conter une tragédie avec un « regard de bohémienne, oblique et dissimulé ». "Métis, fils d'un nègre et d'une blanchisseuse, Machado de Assis est certainement une des âmes les plus aristocratiques qui se soient jamais égar&ea ... |
Antonio MACHADO - Champs de Castille, Solitudes (poesie)Un jour tu la verras, dit l'espérance, si tu sais espérer. Et la désespérance : elle n'est rien que ta souffrance. Et le cœur bat… La terre n'a pas tout emporté. Champs de Castille, CX, Chemins Machado composa cette série de poèmes entre 1899 et 1902, entre ses deux premiers voyages à Paris et son séjour à Madrid, où il fréquenta les membres du courant moderniste bohème. Lors de son premier séjour parisien (1899) il rencontra l’écrivain Oscar Wilde et prit contact avec certains poètes parnassiens et symbolistes français. Lors du second (1902), il connut le poète Rubén Darío, originaire du Nicaragua. Les poèmes de « Soledades » sont imprégnés d’un post-romanticisme similaire à celui de Bécquer et d’un modernisme très intimiste aux influences symbolistes, loin de la rhétorique classique surchargée de ce courant. En 1907, l’auteur compléta cet ouvrage en en publiant une nouvelle édition (« Solitudes. Galeries. Autres poèmes ») qui contenait 96 poésies. Le titre fut légèrement modifié pour l’édition de 1919 : « Solitudes, galeries et autres poèmes ». Un jour tu la verras, dit l'espérance, si tu sais espérer. Et la désespérance : elle n'est rien que ta souffrance. Et le c ... |