Milan KUNDERA (1929- )Aussi bien dans ses essais que dans ses romans eux-mêmes, Kundera accorde une grande place à la réflexion sur le genre romanesque ; ses modèles sont autant des classiques (Cervantès, Rabelais) que des auteurs modernes (Musil). Pour Kundera, l'homme moderne s'étant affranchi de ses anciennes croyances en Dieu ou en un ordre transcendant, il a créé, peu à peu, une nouvelle religion : celle de l'individu. Or, la tâche du romancier est justement de nous apprendre à nous détacher de cette croyance en nous-mêmes, en notre importance, en nos petites douleurs. Milan Kundera, né le 1er avril 1929 à Brno (Moravie), est un écrivain français originaire de Tchécoslovaquie. Ayant émigré en France en 1975, il a obtenu la nationalité française le 1er juillet 19811. Il a écrit ses premiers livres en tchèque, mais utilise désormais exclusivement le français. Il a reçu le prix Médicis étranger en 1973 pour La vie est ailleurs, le prix Jérusalem en 1985, le prix Aujourd'hui en 1993 pour Les Testaments trahis, le prix Herder en 2000, le grand prix de littérature de l'Académie française pour l'ensemble de son œuvre en 2001, le prix mondial Cino Del Duca en 2009 et le prix de la BnF en 20122. Son nom a été plusieurs fois cité sur les listes du Prix Nobel de littérature. Son œuvre est traduite dans une trentaine de langues. oeuvres 1967 La Plaisanterie, Marcel Aymonin (trad.), Gallimard, 1968 La Plaisanterie, Milan Kundera et Claude Courtot (trad.), Gallimard, 1980. Směšné lásky, Prague, Ceskoslovensky spisovatel, 1963 Risibles amours, Gallimard, 1970 (Nouvelles) Život je jinde La vie est ailleurs, Gallimard, 1973 (première édition mondiale en français30) Valčík na rozloučenou La Valse aux adieux, Gallimard, 1976 (première édition mondiale en français31) Kniha smíchu a zapomnění Le Livre du rire et de l'oubli, Gallimard, 1979 Nesnesitelná lehkost bytí L'Insoutenable Légèreté de l'être, Gallimard, 1984 Nesmrtelnost L'Immortalité, Gallimard, 1990 Écrits en français (selon la date de publication en France) La Lenteur, Gallimard, 1995 L'Identité, Gallimard, 1998 L'Ignorance, Gallimard, 2003 (première édition mondiale en espagnol dans la traduction de Beatriz de Moura, La Ignorancia, Barcelone, Tusquets Editores, avril 2000 (ISBN 84-8310-131-9) ) La Fête de l'insignifiance, Gallimard, 2014 (première édition mondiale en italien dans la traduction de Massimo Rizzante32, La festa dell’insignificanza, Milan, Adelphi Edizioni, octobre 201333 (ISBN 88-4592-854-3)) Aussi bien dans ses essais que dans ses romans eux-mêmes, Kundera accorde une grande place à la réflexion sur le genre romanesque ; ses modèles sont ... |
Milan KUNDERA - la Plaisanterie (roman)Ludvik Jahn, étudiant et activiste communiste, est exclu du Parti, renvoyé de l'Université et enrôlé de force dans l'armée avec les « noirs » (déviants politiques et ennemis de classe du régime socialiste tchèque) pour avoir, dans une carte postale destinée à une jeune étudiante qu'il courtisait, inscrit une phrase au second degré : « L'optimisme est l'opium du genre humain ! L'esprit sain pue la connerie ! Vive Trotski ! » Roman polyphonique, il fait se croiser quatre destins ; outre celui de Ludvik, narrateur des deux tiers du livre, il donne ainsi la parole à son ancien meilleur ami Jaroslav, musicien attaché à la fois au socialisme —- par pragmatisme —- et aux traditions populaires de son pays la Moravie, dont il donne une description assez détaillée (en accord avec la conception du roman que revendique Kundera comme genre pouvant inclure tous les autres). La troisième narratrice est Helena, femme de Pavel, ancien ami de Ludvik mais qui avait été à l'origine de son exclusion du Parti, et que Ludvik séduit par vengeance, cherchant à s'approprier à travers ce corps donné la substance de celui qui l'avait défait. Enfin, une autre connaissance de jeunesse, Kostka, apporte à l'histoire un point de vue de croyant. Le retour final de Ludvik dans sa petite ville natale (qui commence aussi le roman: "Ainsi, après bien des années, je me retrouvais chez moi") est l'occasion de la rencontre de la plupart des personnages, ainsi que d'une succession accélérée des narrateurs, dessinant comme la figure musicale de la "strette". La Plaisanterie (titre original : Žert) est un roman de Milan Kundera publié en 1967, dont l'histoire se déroule dans la Tchécoslovaquie (Kundera emploie plutôt les appellations de Bohême et Moravie) de l'immédiat après-guerre jusqu'aux années précédant le Printemps de Prague. Kundera a déclaré, en réaction aux lectures excessivement politiques du roman (paru en France après le Printemps de Prague), que La plaisanterie était essentiellement une histoire d'amour. On peut, en outre, assez clairement y lire plusieurs idées (romanesques) qui resteront chères à Kundera. La multiplicité de points de vue, essentielle au roman, met en évidence à quel point nos intuitions sur autrui sont souvent biaisées, voire totalement fausses. C'est particulièrement le cas de l'amour (par exemple Héléna brûle d'amour pour ce Ludvik dont elle interprète aveuglement chaque geste cynique) et plus généralement de toutes les attitudes lyriques caractéristiques de la jeunesse, dont les traits principaux sont la bêtise, l'ignorance et l'esprit de sérieux (d'où le titre - toute l'histoire de Ludvik n'étant que la conséquence, très sérieuse, d'une plaisanterie). Ludvik Jahn, étudiant et activiste communiste, est exclu du Parti, renvoyé de l'Université et enrôlé de force dans l'armée avec les « ... |