20 JOURS A MARIOUPOL, Mstyslav Chernov 2022 (documentaire)@@@Février 2022. Des reporters ukrainiens, piégés dans la ville assiégée de Marioupol, filment les atrocités de l'invasion russe. Au plus près des civils, Mstyslav Chernov livre un témoignage capital sur la réalité de la guerre qui déchire son pays. TELERAMA L'entretien commence par une minute de silence. Puis, Mstyslav Chernov relève la tête de l’écran de son smartphone. Tôt ce matin-là, des missiles russes ont frappé plusieurs villes ukrainiennes, dont la sienne, Kharkiv. « Des immeubles proches de ma résidence d’étudiant ont été touchés, il y a des blessés. Chaque tir me met en colère », lâche le vidéaste d’Associated Press, de la même voix caverneuse qui nous guide dans le bouleversant 20 Jours à Marioupol. Son premier documentaire, nominé aux Oscars, récompensé au Fipadoc et aux BAFTA 2024, témoigne des premiers jours du siège impitoyable de Marioupol, du 23 février au 15 mars 2022. « Chaque fois que je présente mon film, je répète : ce que vous voyez se déroule tous les jours en Ukraine, des enfants meurent sous les bombes russes », souligne le reporter de guerre, lauréat d’un Pulitzer. Pendant quatre-vingt-dix minutes, condensé de ces vingt journées infernales, Mstyslav Chernov nous immerge dans un récit étouffant, celui d’une double mise à mort, la destruction méthodique d’une ville paisible et de ses habitants, réduits à se terrer comme des rats pour espérer sortir vivants d’un cauchemar éveillé. « Je place le public au milieu de la guerre, c’est rugueux, c’est brutal », concède-t-il. De fait, 20 Jours à Marioupol ne laisse pas indemne. C’est le souffle court que l’on assiste à un geste journalistique rare, la mise en images en temps réel des ravages de la guerre. Des images à tout prix « Le siège et le blocus de Marioupol sont d’une violence et d’une rapidité inattendues. La ville portuaire est verrouillée : aucune information ne parvient aux quatre cent mille habitants, hormis celles d’une radio russe. Couper les réseaux de communication est une arme : cela crée du chaos et de l’impunité. Les gens qui paniquent ne résistent pas, ils sont confus, vulnérables. Sans images, les forces russes pouvaient faire ce qu’elles voulaient. Mais nous sommes les derniers journalistes présents [l’équipe d’Associated Press est également composée du photographe Evgeniy Maloletka et de la productrice Vasilisa Stepanenko, ndlr]. On est restés tant qu’on a pu. Sortir l’information est un défi. Je filme tant que je peux, parfois sans réaliser ce que je vois, je rationne mes batteries, mets des heures à envoyer mes vidéos. Malgré ces difficultés, quarante minutes de mes séquences sont diffusées dans les JT du monde entier. Après le bombardement de la maternité, dont les images ont fait le tour du monde, je sais que je raconterai le martyre de la ville dans toute son étendue, pour donner un sens à ce que je filme. J’ai accumulé trente heures de rushes. Nous devons les sortir de là. Grâce à l’aide d’un policier et de sa famille, nous passons les check-points russes. Le réalisateur lituanien Mantas Kvedaravicius n’a pas eu cette chance, il a été exécuté alors qu’il tentait de quitter la ville. » Information et propagande « En faisant ce documentaire, je voulais que l’histoire de cette tragédie soit préservée de l’effacement du temps. Ou, pire, remplacée par de faux récits. La propagande russe a essayé de déformer notre travail. Je le montre, leurs JT ont diffusé les images de la maternité avec un texte qui disaient que les femmes enceintes étaient des actrices. Mais je ne souhaite pas que mon film soit considéré comme une tentative de combattre la désinformation et la propagande – le seul instrument efficace est l’éducation. Toute personne a le droit d’interpréter et de penser ce qu’elle veut. Un documentaire permet de donner plus de contexte, afin que le public comprenne le sens des événements et se fasse sa propre opinion, ce qui lui permettra de résister à la manipulation. Nous sommes journalistes, cinéastes et documentaristes, nous ne sommes pas des soldats. Il est d’ailleurs problématique que les régimes autoritaires, et parfois les pays démocratiques, considèrent l’information comme une arme. Cela fait de nous des cibles. » Montrer l’horreur « Trente heures de rushes, c’est peu pour un documentaire. Malgré tout, j’ai dû faire des choix. Un groupe de la Croix Rouge ukrainienne nous a sauvé la vie, donné à manger, un abri, aidé de nombreux habitants. Je n’ai pas pu garder cette séquence. Au début de l’invasion, les Russes martelaient qu’ils ne visaient pas les civils. Un mensonge. Des enfants mourraient. Nous montrons le décès de trois d’entre eux, en prenant soin de raconter leur histoire de la manière la plus singulière possible. Jusqu’où peut-on aller ? Il y a évidemment des lignes rouges. Au montage, le plus important est de respecter les victimes. Certaines personnes estiment que le film est difficile à regarder. C’est vrai, il est très émouvant. Mais nous ne pouvons pas nous permettre d’aseptiser les images, il serait terrible que les gens pensent que la guerre est acceptable. Il faut montrer à quel point c’est horrible de frapper des civils. Le spectateur doit le sentir dans sa chair. » Derrière la tragédie, l’espoir « Nous-même trouvions le film difficile une fois achevé. Personnellement, il me dévaste, je pleure à chaque fois. Nous avions peur que les spectateurs fuient. Les premières projections au festival de Sundance étaient donc gratuites. À l’inverse, nous avons reçu le prix du Public. Les diffusions les plus émouvantes ont eu lieu en Ukraine. Des centaines d’habitants de Marioupol sont venus regarder leur ville se faire détruire. À lire aussi : “Ukraine, sur les traces des bourreaux”, sur Arte : “Les Ukrainiens ont très peur qu’on les oublie” Quelle ne fut pas ma surprise lorsque certains m’ont dit que le film était plein d’espoir ! Qu’il montrait que, dans les pires moments d’une vie, il y a toujours un médecin, un pompier, un policier, un voisin, un journaliste pour les soutenir. Ce sentiment de solidarité, de lien puissant face à l’horrible tragédie, permet à l’Ukraine de résister. Ce film est un symbole pour les civils de toutes les autres guerres. Je suis heureux de l’avoir réalisé pour les Ukrainiens, et pour les Russes, qui finiront peut-être par le regarder, pour savoir ce qu’ils ont fait. » L’Ukraine, avenir de l’Europe « Mon prochain film portera sur la contre-attaque ukrainienne. L’avenir du monde dépend de la résolution de cette guerre. Si l’Ukraine s’effondre, tous les régimes autoritaires se sentiront autorisés à envahir, à commettre des crimes, sans en payer les conséquences. Pour les Ukrainiens, ce n’est pas seulement une guerre pour la survie du pays, ils ont le sentiment de se battre pour des valeurs, cela les rend forts, ils se battront jusqu’au bout. En 2014, lors de la révolution de la Dignité, les Ukrainiens ont choisi les valeurs démocratiques. C’est insupportable pour la Russie de voir prospérer à ses frontières des États qui choisissent la modernité, l’égalité, la justice. C’est pour cela que ce régime totalitaire a attaqué mon pays. Les Ukrainiens se battent aussi pour les Européens. Marioupol ressemblait à n’importe quelle ville européenne. Elle était belle, prospère, heureuse. Imaginez que la ville détruite soit française et que les autres pays européens se demandent s’il faut envoyer ou non des armes. Cela semble absurde, non ? » Février 2022. Des reporters ukrainiens, piégés dans la ville assiégée de Marioupol, filment les atrocités de l'invasion russe. Au plus pr& ... |
BIGGER THAN US, Flore Vasseur (environnement)@@Depuis 6 ans, Melati, 18 ans, combat la pollution plastique qui ravage son pays l'Indonésie. Comme elle, des centaines de jeunes adultes à travers le monde luttent contre les dérèglements climatiques, mais aussi pour les droits. TELERAMA: Produit par Marion Cotillard, ce documentaire livre une mosaïque de portraits d’une génération : celle de Greta Thunberg, qui ne rate pas une occasion de fustiger l’immobilisme de ses aînés. Mené par une Balinaise qui lutte contre la pollution plastique, le voyage nous mène du Liban à Lesbos, où Mary, 22 ans, porte secours aux migrants en détresse. Entre ces deux haltes, d’autres rencontres, d’autres combats — contre le réchauffement climatique ou l’oppression des minorités. Ces jeunes militants partagent un sentiment d’urgence mais aussi de révolte contre des dirigeants démissionnaires. Si leurs personnalités et leurs initiatives sont remarquables, on peut toutefois regretter que la nécessité de fusionner ces mobilisations individuelles en un mouvement politique reste hors-champ. Depuis 6 ans, Melati, 18 ans, combat la pollution plastique qui ravage son pays l'Indonésie. Comme elle, des centaines de jeunes adultes à travers le monde luttent co ... |
COMME TU ES BELLE, Avoir 20 ans en pays taliban, Margaux Benn et Solène Chalvon Fioriti 2023 (LCP)Elles s'appellent Sofia et Niguina. Elles sont Afghanes, belles, fières, meilleures amies. Et, malgré elles et sans le savoir, icônes de la jeunesse désoeuvrée de Kaboul. Derrière les rideaux de leur salon de beauté dont la façade extérieure à été saccagée par les Talibans, elles font vivre à bout de bras une petite équipe et un rêve : celui de protéger leur dernier espace de liberté. L'histoire commence en août 2021, juste après l'accession fulgurante des mollahs au pouvoir. Pendant un an et demi, à mesure que les extrémistes assènent aux Afghans, surtout aux femmes, de nouvelles lois liberticides, nous suivons les deux amies dans leur salon d'esthétique et à travers la capitale afghane : dans un parc où elles sont les seules à encore oser montrer leurs visages ; au sommet des collines où elles apprennent à conduire en secret ; sur une grande-roue où, cheveux au vent, elles échappent de justesse aux Talibans... Et puis, sur le chemin de l'exil. Car la répression devient trop dure, trop étouffante, trop violente. La quête de légèreté des jeunes femmes devient un projet de fuite... Qui testera leur résilience, leur courage, et même leur amitié. Un documentaire de Margaux Benn et Solène Chalvon Fioriti / Durée : 52' / Année : 2023 Elles s'appellent Sofia et Niguina. Elles sont Afghanes, belles, fières, meilleures amies. Et, malgré elles et sans le savoir, icônes de la jeunesse déso ... |
FEMMES DE LA TERRE, Édouard BergeonFemmes de la terre aborde le rôle primordial des femmes dans l’agriculture à travers trois axes : le portrait de la famille Picard, que le réalisateur suit depuis longtemps, éleveuse de vaches dans la Meuse sur trois générations, la parole de trois agricultrices retraitées qui se sont battues pour leurs droits et l’évolution de leur statut, et enfin trois éleveuses trentenaires, symboles de l’avenir de la ruralité française. TELERAMA Ambitieux programme auquel il faut ajouter une dimension personnelle et intime : fils de paysan, producteur et réalisateur de documentaires (Les Fils de la terre, L’Amour vache…) et de fiction (Au nom de la terre, 2019), Édouard Bergeon a grandi et travaillé à la ferme jusqu’à ses 20 ans, dans « un monde d’hommes, un monde rude, taiseux ». S’appuyant sur sa légitimité incontestable dans ce milieu, après avoir raconté le drame familial – le suicide de son père, Christian, en 1999 –, il veut aujourd’hui rendre hommage à sa mère agricultrice, qui a vécu dans l’ombre et « tenu la famille et la ferme dans les moments de joie comme dans les plus difficiles ». Et poursuit-il dans sa note d’intention, « raconter l’histoire de toutes “les femmes de la terre” qui, aux côtés de leurs hommes, ont travaillé durement pour nourrir la France et en faire une grande nation agricole, souvent au détriment de leur santé et de leurs droits ». Jeannette Gros (en haut) et Anne-Marie Crolais (en bas). Deux agricultrices engagées dans la vie mutualiste et syndicale. Jeannette Gros (en haut) et Anne-Marie Crolais (en bas). Deux agricultrices engagées dans la vie mutualiste et syndicale. Bien media/Babel doc En mêlant témoignages et archives, ce documentaire retrace donc le parcours de générations de femmes agricultrices qui ont littéralement porté ces exploitations sans relâche, dans l’invisibilité la plus totale. Combien d’entre elles se sont retrouvées sans retraite parce que leurs décennies de labeur n’apparaissaient dans nulle comptabilité aux yeux de l’administration ? Par les hasards de la vie – un veuvage, une révolte intérieure… –, certaines sont montées au créneau, pour que naissent enfin leurs droits (en matière de sécurité sociale, d’assurances en cas d’accidents du travail…). Passant de l’ombre à la lumière, montant à Paris comme à Bruxelles, sur les plateaux de télé, face aux ministres et autres décideurs, elles ont tout osé, essuyé doutes et moqueries (franchement, de simples paysannes sorties de leur cambrousse…) et obtenu une reconnaissance tardive mais essentielle. Formidables et émouvants témoignages de Jeannette Gros, 81 ans, qui devint présidente nationale de la Mutualité sociale agricole (Doubs), tout comme celui d’Anne-Marie Crolais, 72 ans, agricultrice retraitée et ancienne syndicaliste (Côtes-d’Armor). Lire la critique s “La Ferme des Bertrand” : un doc universel et bouleversant sur le monde agricole Après les récits très clairs et incarnés de ces dernières, il est plus difficile de suivre le positionnement des autres intervenants : très présent à l’écran et s’exprimant à la première personne, Édouard Bergeon continue de dresser des parallèles entre ses souvenirs familiaux et la situation actuelle. En quelques décennies, la donne a changé : avec des revenus qui s’effondrent (– 40 % en trente ans), face à la puissance de l’agrobusiness et de Bruxelles, les agriculteurs – surendettés – sont accusés de « polluer la terre ». Pour autant, le propos se veut positif avec Claire Gervais, 29 ans, éleveuse de vaches laitières, Anne-Cécile Suzanne, 33 ans, éleveuse de blondes d’Aquitaine, et Lucie Mainard, 36 ans, éleveuse de poules pondeuses bio. Toutes ont plusieurs « casquettes agroalimentaires » : influenceuses, cheffes d’entreprise, consultante en cabinet de conseil en stratégie, administratrice de coopérative agricole… Mais bien qu’elles « ne se fixent aucune limite », elles restent confrontées à une forme de machisme et de sexisme. Pour accéder à l’égalité, « y a encore du boulot »… Femmes de la terre aborde le rôle primordial des femmes dans l’agriculture à travers trois axes : le portrait de la famille Picard, que le réalisateur sui ... |
HISTOIRE DE L ANTISEMITISME (documentaire Arte 16 avr 2024)Pourquoi la haine des Juifs n’a-t-elle cessé de renaître au fil des époques ? De l’antijudaïsme à l’antisémitisme moderne, cette série documentaire explore, en quatre épisodes, les multiples facettes du phénomène, de ses origines jusqu’à nos jours, en s'appuyant sur un riche corpus d'archives et sur l'analyse d'une trentaine d’experts internationaux. Pourquoi la haine des Juifs n’a-t-elle cessé de renaître au fil des époques ? De l’antijudaïsme à l’antisémitisme moderne, ... |
LE VERSAILLES SECRET DE MARIE ANTOINETTE, Sylvie Faiveley, Mark Daniels 2018Marie-Antoinette, reine fétiche adulée au tout début du règne de Louis XVI, puis haïe par ses contemporains, aujourd'hui réhabilitée et devenue la souveraine la plus célèbre de France, a mené pendant quinze ans une vie totalement en marge de la cour de Versailles. Marie-Antoinette, reine fétiche adulée au tout début du règne de Louis XVI, puis haïe par ses contemporains, aujourd'hui réhabilitée ... |
LE VERSAILLES SECRET DE MARIE ANTOINETTE, Sylvie Faiveley, Mark Daniels 2018Marie-Antoinette, reine fétiche adulée au tout début du règne de Louis XVI, puis haïe par ses contemporains, aujourd'hui réhabilitée et devenue la souveraine la plus célèbre de France, a mené pendant quinze ans une vie totalement en marge de la cour de Versailles. Marie-Antoinette, reine fétiche adulée au tout début du règne de Louis XVI, puis haïe par ses contemporains, aujourd'hui réhabilitée ... |
LES CHAMPS DE LA COLEREElles sont unies comme les cinq doigts de la main et bien décidées à sauver leurs hommes et à sauver l'agriculture. Elles forment un petit groupe de femmes qui mène un combat un peu fou et qui se fait appeler "les Foulards noirs". Elles sont agricultrices ou femmes d'agriculteurs, qui vivent près de Bayeux dans le Calvados, et battent la campagne pour faire entendre la voix d'un monde agricole en pleine détresse. Des exploitations laitières en faillite aux élevages bovins menacés en Normandie et en Bretagne, c'est une course contre la montre qu'engagent les femmes pour résister à la crise agricole qui détruit tant d'exploitations et de familles. TELERAMA Stéphanie, Ludivine, Astrid et Charlène sont des « foulards noirs », des agricultrices et femmes d’agriculteurs rassemblées en collectif pour éveiller les consciences sur la crise. En 2016, près de quatre cents d’entre eux se sont donné la mort. Ces femmes « portent le noir en signe de deuil »… Anne Gintzburger a suivi leur combat pendant un an. Leurs témoignages poignants disent la perte de sens qui abîme les agriculteurs mais aussi leurs proches, conjoint(e)s et enfants, un angle peu abordé. La réalisatrice les a filmées dans leurs actions, sur les marchés, sur les plateaux télé, au Sénat ou au Salon de l’agriculture. Mais les témoignages, si forts soient-ils, ne permettent pas de comprendre les ressorts de la crise. Astrid, 31 ans, élève seule ses cinquante charolaises avec passion et se bat pour ne pas devenir un jour une simple gestionnaire. On la voit à Rungis s’interroger sur le circuit de la viande, puis évoquer la réglementation européenne dans des séquences bien trop elliptiques pour être comprises. Autre bémol, la réalisation insiste aussi beaucoup trop sur le tragique quand les témoignages suffiraient à saisir la gravité de la situation. Quelques minutes avant la fin, la bande-son western inquiétante laisse place à une petite musique légère, comme une éclaircie qu’on peine à saisir. L’image furtive de Catherine Deneuve dédiant son prix Lumière aux agriculteurs en 2016 arrive quant à elle comme un cheveu sur la soupe… donnant l’impression d’une fin expédiée, un peu artificielle. Elles sont unies comme les cinq doigts de la main et bien décidées à sauver leurs hommes et à sauver l'agriculture. Elles forment un petit groupe de fem ... |
NAVALNY, Daniel Roher (documentaire)Navalny, du Canadien Daniel Roher, Oscar du meilleur documentaire en 2023, est diffusé sur France 5, dimanche 17 mars à 21h05. Il décrit l’ascension politique d’Alexeï Navalny, son combat contre Vladimir Poutine, mais aussi la tentative d’assassinat avec un agent chimique produit par l’armée russe à laquelle l'opposant a difficilement survécu en 2020. Le film dévoile également les détails du complot impliquant le président russe et les images du jour où Navalny a été intoxiqué, ainsi que la détermination de sa femme. TELERAMA Le film du Canadien Daniel Roher choisit d’emblée l’endroit où poser sa caméra : en aval de cette tentative d’assassinat, au cœur d’une enquête minutieuse pour en remonter la piste, dont les conclusions ont été mises en ligne fin 2020 avec le concours crucial de Bellingcat, un collectif de journalistes d’investigation d’un nouveau genre, entretenant tous « une fascination autistique pour les données ». Au royaume des paranoïaques par nécessité, le premier contact est prudent : Christo Grozev, le spécialiste de la Russie pour Bellingcat, se demande si Navalny n’est pas un adversaire manufacturé par Poutine ; et l’entourage de Navalny se demande si Grozev n’est pas un espion de la CIA. Ouf de soulagement, ce n’est qu’un « nerd bulgare sympa avec un ordinateur ». Navalny, du Canadien Daniel Roher, Oscar du meilleur documentaire en 2023, est diffusé sur France 5, dimanche 17 mars à 21h05. Il décrit l’ascension poli ... |
NAVALNY, l ennemi de Poutine, Igor Sadreev, Aleksandr Urzhanov (documentaire Arte)Qui était vraiment l’homme mort dans la prison Loup polaire de l’Arctique, le 16 février 2024 ? Le monde entier connaissait le visage d’Alexeï Navalny, ses vidéos YouTube, son inlassable dénonciation de la corruption du régime russe, ses punchlines au micro lors de rassemblements, ses traits amaigris lors de ses procès alors qu’il était rentré en Russie après avoir survécu à un empoisonnement en 2020… Tant d’images, anciennes et récentes, racontent le destin tragique de la dernière et plus médiatique victime de l’effrayante machine à broyer qu’est devenue la Russie. Après avoir engrangé pendant près de quinze ans interviews et documents, cachés chez une amie fleuriste, le journaliste Igor Sadreev a fini par s’exiler en Allemagne. À l’aide de nombreux témoins – soutiens, anciens collaborateurs, journalistes, certains ayant pris leurs distances – et de multiples archives – dont plusieurs déjà connues –, il retrace le parcours d’un jeune avocat pro-Boris Eltsine, fils d’un officier né en Ukraine, entré en politique pour lutter contre Poutine dès son accession au pouvoir en 2000. TELERAMA En creux, le portrait d’un pays opprimé Chronologique et pédagogique, le film raconte sa maîtrise précoce des réseaux sociaux, son sens de la communication, sa famille et son couple, souligne son incontestée bravoure. Évidemment achevé avant sa mort, il n’en fait pas pour autant un martyr idéalisé, et n’occulte ni l’imprécision de son programme, ni son nationalisme virulent et ses propos racistes – qui lui valurent l’exclusion du parti Iabloko en 2007 –, ni sa violence à l’égard de ceux qu’il n’estimait pas assez loyaux à mesure que l’étau se resserrait sur lui et les autres opposants. En toile de fond se dessine un autre portrait, terrifiant : celui d’un pays écrasé par la toute-puissance d’un homme qui prêtera, en mars pour la cinquième fois (après 2000, 2004, 2012, 2018) le serment présidentiel « de respecter et protéger les droits et les libertés de l’Homme et du citoyen ». Qui était vraiment l’homme mort dans la prison Loup polaire de l’Arctique, le 16 février 2024 ? Le monde entier connaissait le visage d’Alexeï ... |
NOTRE DAME DE PARIS, l epreuve des sieclesAu Moyen Âge, les compagnons réinventent l’art de bâtir pour édifier les cathédrales gothiques. À Paris, un chantier gigantesque va donner naissance au plus célèbre de ces vaisseaux de pierre : Notre-Dame de Paris. Sept siècles s’écoulent entre la pose de la première pierre et sa restauration au XIXe siècle, durant lesquels la cathédrale a été le témoin de l’Histoire de France, dans ses moments de gloire comme dans ses périodes les plus sombres. Dans cette fresque historique grandiose, le récit haletant d’une fiction documentée en animation 3D répond à des séquences documentaires consacrées au contexte historique et aux techniques de construction pour raconter le destin des hommes et des femmes qui, portés par la foi, l’ambition et le génie, ont d’abord édifié, puis embelli et enfin sauvé la cathédrale de Paris. TELERAMA Le réalisateur de ce film est en train de monter ses images, quand, le 15 avril 2019, l’impensable : un feu ravageur se déclare sous les toits du monument. La catastrophe sera évoquée en préambule et en conclusion du film dont le récit adopte la forme, un peu kitsch, de la prosopopée – c’est la cathédrale qui raconte son histoire, à la première personne, par l’entremise de Sophie Marceau : « Ce jour-là, vous avez bien cru que j’allais disparaître, vous étiez sidérés, incrédules, silencieux, dit-elle dans le commentaire. Je le savais depuis toujours, vous tenez à moi. » Le doc se compose presque exclusivement de séquences en 3D à mi-chemin entre le jeu vidéo et le cartoon, façon Pixar. Le réalisateur a filmé de vrais comédiens dont l’image a par la suite été numérisée. Si le dessin animé respecte les grandes étapes de la construction du monument, la fiction pointe aussi le bout de sa gargouille. On croise ainsi un petit vagabond dont la rencontre avec Maurice de Sully, évêque de Paris au XIIe siècle, précipitera le lancement du chantier. Le parti pris devrait plaire aux plus jeunes, les autres s’intéresseront peut-être davantage aux quelques séquences documentaires qui viennent émailler l’histoire. On peut y voir de vrais artisans répéter les gestes ancestraux de leurs prédécesseurs du Moyen Âge. Au Moyen Âge, les compagnons réinventent l’art de bâtir pour édifier les cathédrales gothiques. À Paris, un chantier gigantesque va do ... |
WINSTON CHURCHILL, un geant dans le siecle, David Korn-Brzoza (bio)@@Un portrait inspiré et captivant du “bouledogue” de Downing Street, qui révèle un personnage haut en couleur et aux humeurs changeantes, creusant à la fois son action diplomatique et ses combats intimes, notamment avec l’ombre du mépris de son père. La stature de notre Général masquerait-elle celle de cet autre géant, pour qu’aucun documentariste français n’ait accordé jusqu’à ce jour à Churchill les honneurs d’un portrait à sa taille ? Son existence tumultueuse, sa personnalité bigger than life et l’influence majuscule qu’il exerça sur le cours du XXe siècle font pourtant du « Bouledogue » britannique un sujet rêvé, dont David Korn-Brzoza s’est emparé avec la gourmandise d’un petit garçon. Car ce film raconte une histoire : celle d’un grand politique et d’un incomparable chef de guerre, qui combattit avec plus de succès le fascisme en Europe que le « black dog » tapi en lui, comme il nommait cette dépression qui ne contenait ses aboiements que sous la canonnade. Sitôt que l’oisiveté guettait cet « aventurier » qui souffrit toute sa vie d’avoir été méprisé par son père, son « chien noir » lui montrait les dents avec plus d’agressivité que le « vieil ours » Staline ou le « bison » Roosevelt. Prodigue en métaphores animalières, Winston Churchill marie les exigences de la biographie et celles du portrait, retraçant soixante ans de carrière avec un sens romanesque et une admiration que d’aucuns trouveront excessifs. Servi par un commentaire joliment dit par Vincent Lindon, le film aurait pu se passer d’un nappage musical emphatique et de quelques effets superflus, comme d’archives colorisées et recadrées au format 16/9. Principales fautes de goût d’un documentaire inspiré, épique et captivant. Sauveur de l'Europe, héraut de la civilisation se dressant face à la barbarie nazie puis face au communisme pendant la Guerre froide, chef de guerre infatigable et pugnace, amateur de cigares et de bons mots, buveur exceptionnel, mais jamais ivre, prix Nobel de littérature, peintre à ses heures, oscillant entre euphorie et dépression, Winston Churchill incarne une ardente multiplicité. Il fut l'homme de toutes les contradictions, de tous les coups d'éclat et de tous les échecs. Force de vie, homme de l'éternel rebond, il sut aussi échapper plusieurs fois à la mort. Portrait d'un géant de l'histoire. Un portrait inspiré et captivant du “bouledogue” de Downing Street, qui révèle un personnage haut en couleur et aux humeurs changeantes, creusant & ... |
ZANSKAR, les promesses de l hiverLa voyageuse Caroline Riegel, ingénieure en construction hydraulique, retourne dans la vallée du Zanskar, où elle avait rencontré une petite communauté de nonnes bouddhistes il y a quinze ans. Dans ce documentaire, elle suit leur quotidien. La voyageuse Caroline Riegel, ingénieure en construction hydraulique, retourne dans la vallée du Zanskar, où elle avait rencontré une petite communaut&e ... |