Pavel Ivanovitch Tchitchikov arrive dans un chef lieu de province, accompagné de Sélifane, son cocher, et de Petrouchka son domestique. Il fait la connaissance des notables locaux qui sont immédiatement charmés par son amabilité, son sens des convenances et l'aura de mystère qui l'entoure, et l'introduisent dans la bonne société locale.
L'engouement, voire l'adoration, des habitants pour Tchitchikov ne cesse de croître, jusqu'à ce qu'une étrange rumeur commence à se propager : l'homme passerait son temps libre à arpenter la campagne environnante, tentant de convaincre les hobereaux de lui céder leurs âmes mortes, c'est-à-dire les paysans décédés mais qui figurent encore sur les registres d'état civil et ont donc une existence légale sur le papier, à défaut de dans les faits.
Les habitants réalisent alors que, derrière le masque de ses bonnes manières, Tchitchikov reste un étranger dont ils ignorent tout et aux motivations troubles.
L'histoire de ce roman est une véritable épopée : inspiré d'une idée lancée par Pouchkine, il a valu à Gogol les foudres de la censure, qui n'a que moyennement apprécié le portrait au vitriol de la société russe du début du 19ème siècle. La version qui parait en 1842 est donc une version expurgée et bien atténuée, mais qui connaît un très grand succès et consacre Gogol comme l'un des plus grand auteur de son temps. Mais Gogol n'est pas entièrement satisfait de son oeuvre et entreprend d'en écrire une suite. Ce qui ne se fait pas sans difficulté : pendant près de 10 ans, Gogol essaie en vain d'accoucher de l'oeuvre dont il rêve. Parallèlement, il sombre dans la dépression et connaît une véritable crise mystique, qui donne à la seconde partie de son roman une tonalité bien différente de la première, bien moins cynique et désabusée. Au final, il meurt sans avoir terminé cette oeuvre, laissant derrière lui une première partie achevée (celle qui a été publiée en 1842 et correspond à la première partie de mon édition) et des fragments de la seconde