Quand elle arrive à l'Élysée, Bernadette Chirac s'attend à obtenir enfin la place qu'elle mérite, elle qui a toujours oeuvré dans l'ombre de son mari pour qu'il devienne président. Mise de côté car jugée trop ringarde, Bernadette décide alors de prendre sa revanche en devenant une figure médiatique incontournable.
TELERAMA
L’émancipation de Mme Chirac fantasmée entre fiction et réalité. Un premier film pop, souvent drôle, signé Léa Domenach. Avec de sacrés numéros d’acteurs.
Dieu lui a donné la foi, et la République, la mission de faire pleuvoir des pièces jaunes sur les hôpitaux… Bernadette Chirac, personnage de comédie ? Avant même sa sortie, le vrai-faux biopic sur l’ex-Première dame a suscité l’ire de la famille Chirac. « Bernie » allait-elle s’en prendre plein le brushing ? Que nenni ! Pour son premier film, Léa Domenach (cocréatrice de la série Jeune et Golri) livre un récit d’émancipation ludique, tout à la gloire de son sujet. Ou comment, grâce à l’aide d’un conseiller en communication (Denis Podalydès), « maman » va s’affranchir de l’ombre écrasante de son mari, de la bienveillance dictatoriale de sa fille Claude, du mépris de la clique politique qui entoure son Jacques, et devenir aussi populaire que Lady Di…
C’est donc la revanche d’une femme de l’ombre – ni tout à fait Bernadette, ni tout à fait une autre – qu’imagine la réalisatrice, en articulant fiction et réalité. De l’élection de 1995 à la campagne présidentielle de 2008, elle exploite des épisodes clés (dissolution de l’Assemblée nationale, choc frontiste au premier tour de 2002, soutien de Bernadette à Nicolas Sarkozy…), et de nombreux éléments biographiques, pour réinventer – et réenchanter – son héroïne, bientôt transformée en icône rebelle : relookée par Lagerfeld, Bernie sort en boîte de nuit avec le boys band 2Be3, manie l’humour vachard, se révèle en stratège politique…
Rien n’est sérieux, dans cette fantaisie à la mise en scène pop, ponctuée de séquences en chansons façon chœur d’église. Mais affleure, en quelques scènes, la souffrance d’une épouse trompée, à la fidélité pourtant increvable. Pas de quoi faire trembler la République. La satire reste inoffensive, et son charme ténu repose en grande partie sur les numéros d’acteurs : Catherine Deneuve, drôle sans chercher le mimétisme, Michel Vuillermoz grandiose en Chichi macho un peu caricatural, pas très loin de sa marionnette des Guignols. Laurent Stocker, irrésistible en « Sarko le traître ». Et Sara Giraudeau, sobre et subtile en Claude Chirac.