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BURNING DAYS, Emin Alper 2022 (justice turquie)@@



BURNING DAYS, Emin Alper 2022 (justice turquie)@@
(taille reelle)
BURNING DAYS, Emin Alper 2022 (thriller turquie)@@ ()
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Emre, un jeune procureur intègre, est nommé dans la bourgade reculée de Yaniklar, en Turquie. Si l'accueil qu'il reçoit est plutôt sympathique, les choses ne se passent pas comme il l'espérait. Il doit faire face non seulement à une crise de l'eau mais aussi à différents scandales impliquant des notables...

TELERAMA
Dans une petite ville reculée d’Anatolie, un procureur croise le fer avec les traditions. Corruption, ambiguïté, chasse à l’homme : un sommet de tension signé Emin Alper.

Monsieur le procureur est jeune et scrupuleux dans son costume impeccable. Fraîchement arrivé de la capitale dans cette bourgade rurale et surchauffée de l’Anatolie, il s’inquiète d’être sans cesse invité à dîner par le maire, alors que s’annoncent de nouvelles élections. Partout, des gouffres : la terre, complètement asséchée, s’écroule et le manque d’eau attise la colère de la population. Le « divertissement » habituel des hommes ? Lourdement armés, au volant de pick-up, ils chassent le sanglier, y compris dans les rues de la ville, où le cadavre traîné de la bête laisse une grande trace de sang qui excite les plus jeunes. Le procureur convoque deux des chasseurs pour leur rappeler qu’on ne tire pas dans la ville, et comprend qu’on ne dérange pas ainsi les traditions locales. Le soir même, lors d’une scène magistrale de lenteur trouble, il se retrouve à table avec eux et subit, transpirant, leur hospitalité trop insistante, comme tombé dans un piège…

Plusieurs années après son western hypnotique, Derrière la colline, Emin Alper frappe encore plus fort avec ce thriller politique en plusieurs chapitres, dont la tension saisit dès la première image pour ne plus jamais retomber, portée par une musique digne de Bernard Herrmann. Avec cette histoire d’eau sale, c’est un peu comme si Nuri Bilge Ceylan avait mis au goût du jour, en Turquie profonde, le Chinatown de Roman Polanski…

Un reflet affolant
Sangliers sanguinolents, maisons qui nécessitent de la mort-aux-rats « dans tous les coins », et étendue désertique autour d’un lac marécageux : l’atmosphère est gluante de dangers, et chaque conversation, lourde de sous-entendus. Dans de somptueux plans larges qui lui donnent les contours d’un shérif solitaire, le jeune procureur, devenu juge et partie contre son gré (et après avoir bu beaucoup de raki) trouve un adjoint suave et énigmatique, en la personne du journaliste opposé à l’édile en place. S’installe entre eux une ambiguïté qui sera un autre péché pour la communauté, où règnent violence sexuelle et homophobie. Avec cette bourgade (fictive), le réalisateur offre un reflet affolant d’une Turquie rétrograde et rongée par la corruption. Le ministère de la Culture turc a d’ailleurs demandé le remboursement des aides accordées au film, succès en son pays. La fin, en forme de Fort Alamo puis de chasse à l’homme quasi fantastique, est ce que l’on peut voir de plus impressionnant, ces temps-ci, sur le lynchage populaire.


(edit IPTC)