Un ranger, un chercheur d'or et un soldat convoient un criminel et sa compagne pour toucher une prime promise par les autorités. D'un esthétisme à couper le souffle avec ses paysages sublimement filmés, ce chef-d'uvre se distingue également par la densité psychologique de ses personnages en perpétuel conflit.
TELERAMA
James Stewart, hirsute et solitaire, est surprenant à contre-emploi : errant pathétique, en proie à d’inavouables tourments. Derrière le cynisme apparent, on devine l’humanité d’Anthony Mann.
Entre 1950 et 1955, James Stewart joue dans cinq westerns, tous remarquables et réalisés par Anthony Mann. Cet Appât est sans doute le plus inquiétant, le plus beau aussi. Howard Kemp, chasseur de primes cynique et cupide, taciturne et individualiste, Roy, un officier cassé de son grade, Jesse, un vieux chercheur d’or, surveillent Ben, un bandit qu’ils ont maîtrisé, et Lina, la jeune fille orpheline qui l’accompagne.
La route est longue pour toucher la récompense, et les tensions sont de plus en plus fortes au milieu de la montagne grandiose. Amas de rochers éboulés, rivières aux rapides impétueux deviennent les allégories lumineuses des dangers rencontrés et des oppositions exacerbées. Un coup de feu qui troue le lourd silence, un poing qui s’écrase sur un visage : la violence explose en moments très brefs mais intenses. Le regard fatigué, James Stewart dévoile l’errance pathétique d’un homme en proie à d’inavouables tourments personnels. Par-delà son cynisme apparent et son agressivité désenchantée sourd pourtant une superbe humanité.