Anna Kalman, célèbre comédienne de théâtre, revient à Londres après une tournée. Chez sa soeur Margaret, elle rencontre le séduisant Philip Adams, diplomate à l'OTAN, et ne tarde pas à s'en éprendre follement. Mais celui-ci prend soin de la prévenir qu'il est marié à une femme intransigeante, qui refuse catégoriquement de lui rendre sa liberté. Anna se tait, supporte stoïquement la situation et s'obstine à aimer Philip, envers et contre tout.
TELERAMA
Anne Kalman, célèbre comédienne de théâtre, s'ennuie dans son luxueux appartement londonien, désespérant tranquillement de l'amour et des hommes. Un soir de gala, pourtant, le prince charmant paraît sous les traits de Philip Adams, exquis diplomate grisonnant. Le miraculeux monsieur n'a qu'un seul défaut : il est irrémédiablement marié. Le bonheur s'installe, tout en folles étreintes et cadeaux somptueux. Mais Philip est un vilain menteur célibataire, jaloux de sa liberté...
Pour ces retrouvailles boulevardières et vaporeuses (douze ans après Les Enchaînés, de Hitchcock), Ingrid Bergman et Cary Grant sont éblouissants. Elle, altière et fragile, et lui, la mine grave et l'oeil facétieux, semblent inventer pour chaque scène de séduction une danse parfaitement accordée. Qu'il se lance dans une gigue écossaise endiablée ou bougonne de jalousie, qu'elle soupire rêveusement ou s'écrie, découvrant le pot aux roses : « Comment ose-t-il me faire la cour, alors qu'il n'est même pas marié ! », chacune de leurs apparitions est un assaut de charme.
Dommage que, à l'exception de rares scènes au bal ou au restaurant, Stanley Donen, le merveilleux réalisateur de Charade ou d'Arabesque, les ait enfermés dans l'appartement d'Anne. L'intrigue tourne parfois en rond, et les artifices du théâtre filmé ont un peu vieilli. Qu'importe : grâce à la magie de ses interprètes, cet Indiscret garde, aujourd'hui encore, la légèreté des tissus précieux.