Au XIIIe siècle, le jeune William Wallace revient en Écosse après plusieurs années d'exil. Il épouse en secret sa bien-aimée Murron, pour éviter de se plier au droit de cuissage imposé par le roi d'Angleterre, Edward 1er. Leur ruse est cependant découverte et Murron est exécutée.
TELERAMA
L’indépendance écossaise s’est conquise dans le sang. C’est du moins la version de Mel Gibson, qui conte avec sa passion mégalo l’histoire du Robin des Bois grunge.
On peut parfaitement voir Braveheart comme une version « grunge » de Robin des Bois. Balayées, les scènes convenues du film de cape et d’épée : ici, on s’étripe au corps à corps. Ça cogne, ça saigne, ça mutile, ça écartèle sans vergogne. Pour son deuxième film comme réalisateur, Mel Gibson a-t-il concocté un Mad Max médiéval ? Pas vraiment. Au-tour de l’histoire vraie de William Wallace, héros de l’indépendance écossaise au XIIIᵉ siècle, il a imaginé une sorte de fresque épique où le romantisme se cogne sans cesse à une réalité guerrière particulièrement cruelle. Mais qui n’est jamais jugée (quelle atroce barbarie !) ni sublimée (comme c’est exotique !). C’est cette approche franche qui constitue la principale originalité du film de Mel Gibson.
Au départ, il n’a rien d’un va-t-en-guerre, ce William Wallace. Fils d’un modeste chevalier, il s’apprête à couler des jours heureux avec sa jeune femme, lorsque le destin frappe. Ou plutôt l’occupant anglais, qui tyrannise la population écossaise. L’épouse de Wallace est tuée de manière atroce. C’est le signal de la révolte. Soutenu par une bande de gueux, le preux William va commencer par des coups de main contre les soldats britanniques, puis constituer une véritable armée, avec laquelle, non content de repousser l’ennemi anglais hors d’Ecosse, il va ravager le nord de l’Angleterre, et menacer le trône du roi Edward 1ᵉʳ.
Nonchalance
Mel Gibson mise tout sur la dimension évidemment héroïque du personnage qu’il interprète. Et, dans le genre, il s’en sort plutôt bien : un héros comme ça, séduisant, intrépide et bon, on n’en fait plus... Bien entendu, la star Gibson est omniprésente, occupant seule l’écran un plan sur deux. Ce qui est légèrement excessif. Mais moins dérangeant, finalement, que l’espèce de nonchalance avec laquelle l’histoire est racontée. Autant les scènes de bataille sont tournées et montées avec une force et une virtuosité rares, autant l’action se traîne au fil de scènes inutilement explicatives et souvent redondantes. Sans parler des libertés que, selon certains historiens britanniques, Mel Gibson aurait prises avec la vérité historique...
La passion et l’énergie que Mel Gibson réussit à faire passer ici et là sont indiscutables. Il n’empêche que, faute d’avoir su ou voulu tailler dans la biographie foisonnante de ce personnage hors norme, le film, qui met du temps à démarrer, traîne en route, et n’en finit plus de finir.