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        jeudi 05 décembre 2024 - 03h25
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l'art par la musique

WATERHOUSE, la rose
BRAHMS, valse n15

Elle passa un instant devant la fenêtre ouverte,
reçut le soleil dans les yeux et en resta éblouie.
Et cette petite phrase lui revint : « Aimez-vous Brahms ? »
Mais aimait-elle encore autre chose qu’elle-même

François SAGAN - aimez vous Brahms

John William WATERHOUSE - sweet rose 1909
Moment de suggestive volupté que cette rencontre dans un jardin du Sud, à peine dévoilé, et que l’on imagine clos et à l’abri des regards indiscrets, entre une belle et une rose à la fragrance enivrante. Et rien ne semble altérer la pensée de la dame… La main caressante apposée sur un mur barrant l’accès à un au-delà suggéré à la fois plus vaste et aux ombres aussi intenses qu’impénétrables voire menaçantes, dominé par une loggia elle-même livrée à l’obscurité de ce dernier étage d’une bâtisse presque immaculée et silencieuse, la femme s’abandonne au parfum envoûtant d’une rose blanche aux rehauts couleur chaire.
Et la fusion ne s’arrête pas là : aux rinceaux fleuris et inermes qui colonisent la chaude cloison, répondent les entrelacs stylisés de la robe verte et scintillante, les lignes premières se confondant avec les secondes. Les nattes, à peine maîtrisées par de délicates perles, comme les lèvres confiées aux soyeux pétales, annoncent le baiser, l’abandon, l’échappée… Lorsque les courbes des ramures, des tuiles romaines, des arcades ou des épaules confient la douceur et l’absence de peine, la main saisit la corolle en avouant la conquête et l’invincible résolution. Et cela, au point que le mur de pierre garni de tuiles… en rougit et consent à s’animer. Or pour l’heure, la résolue beauté aux joues ardentes se maintient dans ses murs tout en créant l’autre, tournant le dos à cette poterie repoussée sur la droite, prison d’un végétal ignoré. Le plan semble ainsi fait, l’ouvrage minéral étant dans la confidence sinon complice. Avec nous.
Perspective réaliste ? Ou jouissif maelstrom intérieur faisant céder, en silence, toutes les cloisons ? Et pour une seule parenthèse ? Non, car une rose épanouie attend son heure, suivie d’un bouton déjà brûlant dans son calice… Fantasmes Belle Époque sous un ciel azur…

Illustr musicale: Johannes BRAHMS - valse n15
Seize valses pour piano à quatre mains op39 est un ensemble de 16 petites valses pour piano à quatre mains écrit par Johannes Brahms. Ces valses sont composées en 1865 et publiées deux ans plus tard, dédicacées à Eduard Hanslick.La valse n°15 en La majeur (ou La bémol majeur) est plus particulièrement connue.