arpoma l'art par la musique
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15 tobie 10
Pendant que Tobie différait son départ à cause de ses noces, son père Tobie était rempli d'inquiétude : « D'où vient, se disait-il, le retard de mon fils ? Quelle raison peut le retenir dans ce pays ?
Gabélus serait-il mort, et n'y aurait-il plus personne pour lui rendre cet argent ? »
Il commença donc à s'attrister beaucoup, lui et Anne, sa femme, et ils se mirent ensemble à pleurer de ce que leur fils n'était pas revenu près d'eux au jour marqué.
Sa mère surtout répandait des larmes intarissables : « Hélas ! hélas ! mon fils, disait-elle, pourquoi t'avons-nous envoyé si loin, toi qui étais la lumière de nos yeux, le bâton de notre vieillesse, la consolation de notre vie et l'espérance de notre postérité ?
Nous qui avions tout en toi seul, nous n'aurions pas dû t'éloigner de nous. »
Tobie lui disait : « Cesse tes plaintes et ne te trouble pas ; notre fils se porte bien et l'homme avec qui nous l'avons fait partir est très fidèle. »
Mais rien ne pouvait la consoler ; sortant chaque jour de sa maison, elle regardait de tous côtés, et allait sur tous les chemins par lesquels il y avait espoir qu'il reviendrait, afin, s'il était possible, de l'apercevoir de loin.
Cependant Raguel disait à son gendre : « Reste ici, et j'enverrai des nouvelles de ta santé à Tobie, ton père. »
Tobie lui répondit : « Je sais que mon père et ma mère comptent les jours et que leur esprit se tourmente au-dedans d'eux. »
Après avoir fait encore de grandes instances à Tobie, sans que celui-ci voulût rien entendre à ses raisons, Raguel lui remit Sara avec la moitié de tout ce qu'il possédait, en serviteurs et en servantes, en troupeaux, en chameaux, en vaches, en argent, dont il avait beaucoup, et il le laissa partir, plein de santé et de joie,
en disant : « Que le saint ange du Seigneur soit en votre chemin, qu'il vous conduise jusque chez vous sains et saufs ; puissiez-vous trouver toute chose prospère chez vos parents, et puissent mes yeux voir vos enfants avant que je meure ! »
Et le père et la mère, prenant leur fille, l'embrassèrent et la laissèrent aller,
après lui avoir recommandé d'honorer ses beaux-parents, d'aimer son mari, de bien conduire sa famille, de gouverner sa maison et de se conserver elle-même sans reproche.