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NOPE, Jordan Peele 2022, Daniel Kaluuya, Keke Palmer (science fiction)@@

Les habitants d'une vallée perdue du fin fond de la Californie sont témoins d'une découverte terrifiante à caractère surnaturel qui affecte humains et animaux. Les gérants d'un ranch de chevaux tentent de comprendre ce phénomène mystérieux alors que le propriétaire d'un parc à thème tente d'en tirer profit.

TELERAMA
Dans un Far West désarçonnant, un ovni aspire tout, dès lors qu’on le regarde. Une métaphore originale et efficace sur les dangers de la société du spectacle.
Méfiez-vous des nuages. En particulier de ce qui se cache à l’intérieur… Une mystérieuse menace plane au-dessus d’un ranch californien perdu en pleine campagne. C’est létal, ni tout à fait organique, ni tout à fait technologique, ça vient d’un autre monde pour semer la terreur.

Après avoir passé le racisme endémique de la société américaine à la moulinette du cinéma d’épouvante (Get Out, très applaudi en 2017), enchaîné avec un thriller sur l’horreur du conformisme dans Us, en 2019, le réalisateur Jordan Peele revient avec un film-ovni, à tous les sens du terme. D’abord parce qu’il s’agit bien d’une entité extraterrestre, d’une rencontre du troisième type encore plus énigmatique (et inquiétante) que celle qu’imaginait Steven Spielberg en 1977. Ensuite parce que ladite entité, entre soucoupe volante, méga tube digestif et grand prédateur, hante une production éminemment étrange. Où un gaillard taiseux (Daniel Kaluuya, qui était déjà la vedette de Get Out), éleveur de chevaux en perpétuelle bisbille avec sa sœur (la pétulante Keke Palmer), se retrouve à l’épicentre d’un genre presque neuf, voire expérimental : l’horreur méditative. Place aux grands espaces creusés de silence, à un parc d’attractions miteux sur le thème du western, au bruit blanc des appareils électriques avant chaque attaque de la « chose »…

Une grande métaphore de la société du spectacle
Cette dernière fonctionne comme un aspirateur aérien géant, arrachant hommes, bêtes et objets à la pesanteur pour les recracher sous forme de pluie acérée et sanguinolente (grand déluge de vomi cosmique sur la maison des héros). Or l’ovni sauvage ne devient aspirateur que quand il est regardé, et tout le monde veut tirer profit des images du phénomène, par tous les moyens, des téléphones portables aux caméras de surveillance, en passant par les vieilles bobines de films. Jordan Peele offre ainsi une grande métaphore sur la société du spectacle et sur la fascination pour les images, dans ce qu’elle a de plus dangereux (un vide abstrait, qui gobe et digère tout ce qui passe à sa portée), mais aussi de plus mystérieux : le film rend un hommage, un brin cinglé, à la puissance onirique du cinéma. Avec, aussi, une réappropriation militante et culturelle de ses mythes. Les personnages principaux de l’aventure sont ainsi des cow-boys noirs, tout comme l’était le premier cavalier hollywoodien imprimé sur pellicule, que l’on aperçoit sur d’authentiques images d’archives…