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16 judith 09
Lorsqu’ils furent partis, Judith entra dans son oratoire, et, revêtue d’un cilice, la tête couverte de cendre, elle se prosterna devant le Seigneur et l’invoqua, en disant :
« Seigneur, Dieu de mon père Siméon, qui lui avez donné l’épée pour se venger des étrangers qui, entraînés par la passion, avaient violé une vierge et lui avaient fait outrage pour sa confusion ;
vous qui avez livré leurs femmes aux ravisseurs, leurs filles à l’esclavage et toutes leurs dépouilles en partage à vos serviteurs brûlants de zèle pour votre cause, assistez-moi, je vous en prie, Seigneur, mon Dieu, secourez une veuve.
C’est vous qui avez opéré les merveilles des temps anciens, et qui avez formé le dessein de celles qui ont suivi, et elles se sont accomplies parce que vous l’avez voulu.
Toutefois vos voies sont tracées d’avance, et vous avez disposé vos jugements par votre prévision.
Regardez en ce moment le camp des Assyriens, comme vous avez daigné autrefois regarder celui des Egyptiens, lorsqu’ils poursuivaient les armes à la main vos serviteurs, se confiant dans leurs chars, dans leurs cavaliers et dans la multitude de leurs combattants.
Mais vous avez regardé leur camp, et les ténèbres leur ont ôté leur force.
L’abîme a retenu leurs pieds, et les eaux les ont engloutis.
Qu’il en soit de même, Seigneur, de ceux-ci, qui se confient dans leur multitude, dans leurs chars, dans leurs javelots, dans leurs boucliers et dans leurs flèches, et qui sont fiers de leurs lances.
Ils ne savent pas que c’est vous qui êtes notre Dieu, vous qui dès le commencement terrassiez les armées et dont le nom est Seigneur.
Levez votre bras, comme aux siècles passés ; brisez leur puissance par votre puissance ; que leur force tombe devant votre colère, eux qui se promettent de violer votre sanctuaire, de profaner le tabernacle de votre nom et d’abattre de leur épée les cornes de votre autel.
Faites, Seigneur, que l’orgueil de cet homme soit abattu par sa propre épée.
Qu’il se prenne aux lacs de son regard sur moi, et frappez-le par les douces paroles de mes lèvres.
Mettez dans mon cœur assez de fermeté pour le mépriser, assez de force pour le perdre.
Ce sera pour votre nom une gloire mémorable qu’il soit abattu par la main d’une femme.
Car votre puissance, Seigneur, n’est point dans le grand nombre, et votre volonté ne dépend pas de la force des chevaux ; et dès le commencement les superbes ne vous ont pas plu, mais vous avez toujours eu pour agréable la prière des hommes humbles et doux.
Dieu du ciel, Créateur des eaux et Seigneur de toute la création, exaucez-moi, malheureuse, qui vous supplie et qui mets ma confiance en votre miséricorde.
Souvenez-vous, Seigneur, de votre alliance, donnez la parole à ma bouche, la force au dessein qui est dans mon cœur, afin que votre maison conserve la sainteté dont vous l’avez revêtue,
et que toutes les nations reconnaissent que vous êtes Dieu, et qu’il n’y en a point d’autre que vous. »