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17 2-macchabees 08
Cependant Judas Machabée et ses compagnons, s’introduisant secrètement dans les villages, appelaient autour d’eux leurs parents, et, s’adjoignant ceux qui étaient restés fidèles au judaïsme, ils rassemblèrent ainsi une troupe d’environ six mille hommes.
Ils conjuraient le Seigneur de regarder son peuple que tout le monde foulait aux pieds, d’avoir aussi pitié de son temple profané par les impies,
d’avoir compassion de la ville dévastée qui allait se trouver au niveau du sol, et d’écouter la voix du sang qui criait vers lui,
de se souvenir du meurtre criminel des petits enfants innocents et des outrages faits à son nom, et de montrer sa haine contre les méchants.
Une fois à la tête d’une troupe nombreuse, Machabée devint invincible aux nations, car la colère du Seigneur s’était changée en miséricorde.
Tombant à l’improviste sur les villes et les villages, il les brûlait ; occupant les positions les plus favorables, il infligeait des défaites à de nombreux ennemis.
C’est surtout la nuit qu’il choisissait pour favoriser le succès de ces sortes d’expéditions. Le bruit de sa valeur se répandit en tous lieux.
Philippe ne fut pas longtemps à voir quels progrès faisait cet homme, et les succès de plus en plus fréquents qu’il remportait ; il écrivit donc à Ptolémée, chef militaire de la Coelé-Syrie et de la Phénicie, de venir en aide aux affaires du roi.
Ptolémée s’étant mis à l’œuvre sans tarder, fit partir Nicanor, fils de Patrocle, un des principaux favoris du roi, à la tête d’au moins vingt mille hommes de diverses nations, pour qu’il exterminât la race entière des Juifs ; il lui adjoignit Gorgias, général fort expérimenté dans les choses de la guerre.
Nicanor comptait bien procurer au roi, sur la vente des captifs pris en Judée, le tribut de deux mille talents dû aux Romains.
Il s’empressa d’envoyer aux villes maritimes l’invitation à venir acheter des esclaves Juifs, promettant de leur en donner quatre-vingt-dix pour un talent : il ne songeait pas à la vengeance du Tout-Puissant qui allait tomber sur lui.
Dès que Judas eut appris la marche de Nicanor, il informa ses compagnons de l’approche de l’armée.
Alors les uns, frappés de crainte et manquant de foi en la justice de Dieu, prirent la fuite et passèrent en d’autres lieux ;
les autres vendirent tout ce qui leur restait et, en même temps, ils priaient le Seigneur de les délivrer de l’impie Nicanor, qui les avait vendus avant même que la bataille fit engagée :
sinon à cause d’eux, du moins en considération des alliances faites avec leurs pères, et parce que son nom saint et auguste avait été nommé sur eux.
Machabée ayant réuni ceux qui étaient restés avec lui, au nombre de six mille hommes, les exhorta à ne pas craindre les ennemis, et à ne pas se troubler devant la multitude des nations qui marchaient injustement contre eux, mais à combattre vaillamment,
ayant devant les yeux l’indigne profanation accomplie par elles contre le lieu saint, l’outrage de la ville ravagée, ainsi que la ruine des institutions des ancêtres.
« Eux, dit-il, se confient dans leurs armes et des charges hardies ; nous, c’est en Dieu, maître de toutes choses, qui peut d’un signe renverser ceux qui viennent nous attaquer et l’univers même, que nous mettons notre confiance. »
Il énuméra aussi devant eux les exemples antiques de la protection de Dieu ; et comment, sous Sennachérib, les cent quatre-vingt mille hommes avaient péri ;
et comment, dans la bataille livrée aux Galates en Babylonie, ceux qui prenaient part à l’action étant en tout huit mille, avec quatre mille Macédoniens, et ceux-ci étant vivement pressés, les huit mille avaient détruit cent vingt mille ennemis, grâce au secours qui leur était venu du ciel, et avaient remporté un grand profit.
Après les avoir, par ces souvenirs, remplis de confiance et disposés à mourir pour les lois et pour la patrie, il divisa son armée en quatre corps.
A la tête de chaque corps, il mit ses frères Simon, Joseph et Jonathas, leur donnant à chacun quinze cents hommes.
En outre, il ordonna à Eléazar de faite la lecture du Livre saint ; puis, ayant donné pour mot d’ordre : Secours de Dieu ! Judas prit le commandement du premier corps et attaqua Nicanor.
Le Tout-Puissant leur étant venu en aide, ils tuèrent plus de neuf mille ennemis, blessèrent et mutilèrent la plus grande partie des soldats de Nicanor et les mirent tous en fuite.
Ils prirent aussi l’argent de ceux qui étaient venus pour les acheter. Ayant poursuivi assez loin les fuyards,
ils revinrent sur leurs pas, arrêtés par le temps, car c’était la veille du sabbat ; c’est pourquoi ils ne continuèrent pas leur poursuite.
Ayant donc ramassé les armes des ennemis et recueilli leurs dépouilles, ils célébrèrent le sabbat, bénissant mille fois et louant le Seigneur qui les avait délivrés pour ce jour, ayant résolu de leur montrer un commencement de miséricorde.
Après le sabbat, ils distribuèrent une part du butin à ceux qui avaient souffert de la persécution, aux veuves et aux orphelins ; eux-mêmes et leurs enfants se partagèrent le reste.
Cela fait, ils se mirent à prier tous ensemble, conjurant le Seigneur miséricordieux de se réconcilier entièrement avec ses serviteurs.
Ils tuèrent aussi plus de vingt mille hommes des troupes qui combattaient sous les ordres de Timothée et de Bacchidès, et s’emparèrent vaillamment de hautes forteresses. Ils divisèrent leur immense butin, en faisant deux parts égales, l’une pour eux-mêmes, l’autre pour les persécutés, les orphelins et les veuves, ainsi que pour les vieillards.
Ils recueillirent les armes et les déposèrent toutes avec soin en des lieux convenables, et transportèrent à Jérusalem le reste du butin.
Ils mirent à mort Phylarque, qui accompagnait Timothée ; c’était un homme très pervers, qui avait fait beaucoup de mal aux Juifs.
Pendant qu’ils fêtaient leur victoire dans leur capitale, Callisthène et quelques autres, qui avaient livré aux flammes les saintes portes du temple, s’étant réfugiés dans une petite maison, ils les y brûlèrent et leur rendirent ainsi le juste salaire de leurs profanations.
Le triple scélérat Nicanor, qui avait fait venir les mille marchands pour leur vendre les Juifs,
humilié, grâce au secours du Seigneur, par ceux qu’il croyait plus faibles que lui, se dépouilla de ses vêtements d’honneur et, prenant à travers champs comme un fuyard, sans escorte, il rentra seul à Antioche, au désespoir d’avoir perdu son armée.
Et lui qui avait promis de parfaire le tribut aux Romains avec le prix des captifs de Jérusalem, il publiait maintenant que les Juifs avaient Dieu pour défenseur et qu’ainsi ils étaient invulnérables, parce qu’ils obéissaient aux lois qu’il leur avait prescrites.