Marie, Caroline, Sébastien, Arnaud, Grégory, Stéphane et David forment le groupe des autoproclamés "Potages" (contraction de "potes" et "otages"). Le soir du 13 novembre 2015, ils ont fait face aux terroristes pendant plus de deux heures dans un étroit couloir du Bataclan. De leur survie miraculeuse est né un lien unique et indéfectible.
TELERAMA
À quoi ressemble la vie après ? Jean-Xavier de Lestrade (“Sambre”, “Laëtitia”) sonde les effets du traumatisme au plus près de personnages inspirés d’un véritable groupe de sept otages rescapés des attentats du Bataclan. À voir lundi 3 novembre sur France 2.
Le jour d’après, David est resté enfermé dans sa chambre. Marie est retournée au travail. Stéphane a rangé dans une valise ses vêtements maculés de sang. Le 13 novembre 2015, ils étaient au Bataclan. Avec d’autres, ils ont été pris en otage par les terroristes. Deux heures et demie à se voir mourir à chaque instant. Comment retrouver le monde des vivants, le jour d’après et tous les autres jours ? Telle est la question à laquelle s’attachent le réalisateur Jean-Xavier de Lestrade et le scénariste Antoine Lacomblez avec cette série qui scrute, dans le temps, les effets du traumatisme, au plus près de personnages inspirés d’un véritable groupe de sept otages rescapés du Bataclan, devenus amis et autobaptisés les « Potages », pour « potes » et « otages ».
Le chemin de reconstruction de ces survivants fait la trame des huit épisodes dont on sort éprouvés autant que galvanisés. Pour David, Marie et les autres, il y a ce fossé qui se creuse avec la vie d’avant ; les attaques de panique, répliques sismiques du choc ; ces limbes dont il faut s’extirper, encore et encore. Mais aussi des humains qui se reconnaissent, un humour qui ne se rend pas, un élan vital qui embarque et chambarde quand les « Potages » se retrouvent au bistrot pour parler, gratter quelques accords et chanter ensemble le répertoire qui les unit — dont le très indiqué What a Life…
Sans esbroufe ni maniérisme, Des vivants approche l’expérience post-traumatique par une authentique expérimentation narrative. Affranchie des ressorts classiques de la dramaturgie, la série se déploie au gré des mouvements souterrains de la psyché et des récits qui en émergent. Même la prise d’otages est d’abord racontée avant d’être montrée dans sa crudité par ceux qui l’ont subie et se remémorent. Une fois de plus dans l’œuvre de Jean-Xavier de Lestrade (Sambre, Laëtitia, 3 x Manon), la parole, qui offre une chance de métaboliser l’effraction, est un enjeu crucial. Depuis la précision de comédiens déliés jusqu’aux mouvements de caméra qui s’attardent sur les visages en passant par de captivantes séquences de thérapie, tout, ici, concourt à susciter l’écoute. Et quand la série fait résonner, lors d’une scène de commémoration des attentats, les quatre-vingt-dix noms des victimes du Bataclan, celle-ci se fait, avec une ambition jusque-là inédite à la télévision, le tombeau poétique de la mémoire collective.