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LA BIBLE, John Huston (peplum)@@

Dieu a bien travaillé. Il a créé le ciel, la Terre, la mer, les plantes, les animaux, puis l'homme à qui il a donné une compagne et un jardin, l'Eden. De la pomme cueillie par Eve jusqu'au sacrifice d'Abraham, cela se passait au commencement des temps.

TELERAMA
Le réalisateur du splendide “Désaxés” transforme la Bible en livre d’images figées. Les épisodes se succèdent sans qu’aucun miracle n’ait lieu. Seul Noé (qu’il interprète) semble l’inspirer. La Genèse, son jardin d’Eden, ses aléas climatiques, sa faune, sa flore (une pomme), ses habitants désobéissants, ses punitions… En cinq tableaux colorés, John Huston s’attaque scolairement au début de la Bible. Athée agnostique, est-ce un hasard s’il choisit les épisodes où Dieu met à l’épreuve les humains ? « Je ne sais pas du tout comment je vais m’y prendre. Dieu ne m’a pas donné sa recette », avoue-t-il (avec une pointe d’ironie ?) (1) . Son manque d’inspiration (divine ou non) se voit à l’écran : les scènes se succèdent sans transition, tableaux figés incarnés par des acteurs au jeu théâtral. Dans leur bouche, les phrases de la Bible semblent avoir été écrites par de mauvais scénaristes !
Quelques fois, on espère que la magie va opérer, lors de la bataille nocturne pour délivrer Loth par exemple, avec ces visages en gros plans qui surgissent entre les flammes, ou quand les ouvriers de Babel se rendent compte qu’ils ne parlent plus la même langue… Mais ces moments sont fugaces, et perdus entre trop d’épisodes statiques interminables. L’histoire qui semble avoir le plus inspiré Huston, est celle de Noé et son arche. Après avoir demandé à Chaplin et Alec Guinness d’interpréter le patriarche, il s’attribuera le rôle, jouant avec force roulements d’yeux un Noé plus directeur de zoo que serviteur de Dieu. Le décor de l’arche est monumental et, si on passe sur la représentation affligeante de la femme de Noé en gourde apeurée, cet épisode de trente-cinq minutes aurait fait un assez bon court métrage pour une soirée de patronage…