D'après l'oeuvre de Giuseppe Tomasi Di Lampedusa. Musique de Nino Rota. En 1860, tandis que la Sicile est submergée par les bouleversements de Garibaldi et de ses chemises rouges, le prince Salina se rend avec toute sa famille dans sa résidence de Donnafugata. Prévoyant le déclin de l'aristocratie, ce dernier accepte une mésalliance et marie son neveu Tancrède à la fille du maire de la ville, représentant la classe montante.
TELERAMA
1860, en Sicile. Visconti peint la décadence d’un monde aristocratique avec un raffinement inouï… et une lucidité politique ravageuse. Avec Alain Delon et Claudia Cardinale, fascinants de beauté, et Burt Lancaster, royal félin fatigué.
Le Guépard reprend le Risorgimento là où Senso l’avait laissé, mais le mélodrame cède la place au réalisme glacé. Le film historique, pour Visconti, n’est jamais une reconstitution : le soin apporté aux décors et aux costumes est un moyen pour imposer un imaginaire. La contemplation l’emporte sur l’action. Le cinéaste n’en rend que plus pathétique ce monde qui va à sa perte.
Tancrède (Alain Delon) savoure l’avènement d’une nouvelle classe sociale, la sienne, sous le regard du prince Salina (Burt Lancaster), fasciné et séduit par cet être en marche. Mais en marche vers quoi ? Si Tancrède approuve la répression des émeutes de 1866, on peut se demander comment il réagirait, plus tard, face au fascisme… Au prince il ne reste, comme ultime consolation, que la beauté d’un domaine ou, même si cela paraît bien dérisoire, celle d’un bal. Cependant, au matin, ce sont les pots de chambre souillés par les invités que survole la caméra de Visconti…