Au cours de l'Exode de 1940 en France, Paulette, cinq ans, perd ses parents. À l'abandon, elle erre sans savoir où elle va jusqu'au jour où elle rencontre Michel, un petit garçon de dix ans qui la conduit chez lui. D'abord réticent, le père de Michel accueille la petite, notamment pour ne pas que leurs voisins en tire profit. Puis les deux enfants commencent à créer des sépultures pour divers animaux morts et Michel vole des croix pour les tombes, créant des ennuis.
TELERAMA
En 1940, une opheline de 5 ans vit la guerre à sa façon aux côtés du garçon de la famille paysanne qui l’a recueillie. Le réalisateur René Clément s’immisce dans l’imaginaire morbide de l’enfance.
À5 ans, Paulette trottine en famille sur les routes du Cantal pendant l’exode de 1940. Une pluie d’obus tue ses parents et son chien. Désormais seule, elle rencontre Michel, un peu plus âgé qu’elle, qui tanne sa famille pour qu’elle adopte l’orpheline.
À force d’entendre les débutants à la guitare égratigner sa musique, on avait fini par oublier la perfection du film. Célèbre pour avoir tourné, dès 1945, le premier film événement sur la Résistance (La Bataille du rail), René Clément reprend un thème proche avec la même rigueur documentaire, assortie d’un humanisme délicat et tragiquement féerique. Il épingle sans pitié la hargne clanique de familles paysannes qui se jalousent et défendent leurs petits intérêts.
Bien avant Charles Laughton et sa légendaire Nuit du chasseur, il s’immisce aussi dans l’imaginaire morbide et franc de l’enfance, avec son lot d’images oniriques lourdes en symboles : un hibou au regard scrutateur, un poussin à l’agonie… Comme pour remplacer son chien, mort à sa place, Paulette erre sans autre arme que son instinct trop pur, petit animal perdu à qui la Croix-Rouge prend finalement soin de mettre un collier. Brigitte Fossey est bouleversante.