Depuis la rentrée, Léa Mosnier, douze ans, a une double vie : une semaine chez sa mère, hyperactive et complètement débordée, et une semaine chez son père, en pleine reconversion professionnelle. Tandis que ses parents tentent chacun de retrouver un équilibre sentimental, elle va vivre son premier amour, celui qui bouscule les certitudes sur le monde, sur les parents, sur sa vie sentimentale et sur celle de collégienne, celui qui fait qu'on n'est plus vraiment la même.
LE MMONDE
Pendant plus d'une heure et demie, une très jeune fille papote. Léa (Bertille Chabert) raconte que son père et sa mère se sont séparés, qu'elle vit tantôt chez l'une, tantôt chez l'autre. Elle emploie des tournures faussement naïves pour faire rire les grandes personnes. Pendant ce temps sur l'écran, les personnages qu'elle évoque s'agitent. Rien de tel qu'une voix off d'enfant pour confesser la faiblesse d'une mise en scène.
La mère de Léa, Marjorie, agent immobilier à succès a la tête de Mathilde Seigner, de l'aplomb et de la brutalité (à en croire sa fille et le metteur en scène, elle n'est pas très sympathique). François (Bernard Campan), son père est un ex-banquier qui s'est découvert une vocation de psychothérapeute, et peine à se constituer une clientèle.
Ivan Calbérac en est à sa troisième comédie sentimentale. Celle-ci est également sociologique. On sent qu'Une semaine sur deux aspire à être produit à titre d'élément de preuve dans un dossier sur la décomposition et la recomposition des familles contemporaines.
Mais on reste dans la sociologie de voisinage. Léa, son frère, ses parents, malgré le relatif déclassement du père, restent dans la zone de confort. On est à Paris, entre gens de bonne compagnie. Quand Marjorie prend un amant, il est auteur de guides touristiques (quand Barbara Schultz prenait un amant post-nuptial dans le récent Celle que j'aime, d'Elie Chouraqui, il était réalisateur de dessins animés) et François entretient une liaison avec la jolie professeur de piano de Léa.
En quatre saisons et d'interminables considérations de sa jeune narratrice, Ivan Calbérac arrive (en trichant un peu) à la recomposition de la famille qu'il fait apparaître comme un modèle aussi contraignant que l'antique parchemin de Brassens.
TELERAMA
Pour ses débuts de cinéaste, Nicole Garcia faisait le portrait d’une actrice… et provoquait l’étonnement. Car ce portrait est le plus libre qui soit. Camille est une ex-vedette qu’on ne voit plus et qu’on regarde mal : son agent la traite comme une irresponsable, son fils et sa fille la toisent avec indifférence. Elle n’émeut personne avec ses problèmes d’argent et les petits contrats qu’elle trouve pour s’en sortir. Ce week-end-là, elle doit animer une soirée de gala au Rotary club de Vichy et elle a la garde de ses enfants. Elle ne les rendra pas à leur père : elle prend sa voiture et les emmène, loin…
Ce voyage qui commence ressemble à un dernier et à un premier départ, une dérive vers le désespoir et un retour à la vie. Avec Camille, qui semble encore plus « dangereuse » quand elle est heureuse, la vie est un étonnant numéro d’équilibriste. Comme elle, le film a le goût de l’aventure : sur les routes de France, Nicole Garcia réalise bien autre chose qu’un road movie. C’est à une traversée des apparences qu’elle nous invite : qu’est-ce qu’une actrice, une mère ? Une actrice est faite pour être aimée, et une mère pour aimer… Peut-être. Grâce à Nathalie Baye, qui semble elle-même avoir lâché prise et perdu ses repères, le film nous ouvre ce bel horizon : une émotion nouvelle.