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oksanen
Prix du Livre Europeen 2010
Prix Femina Etranger 2011

C'est un livre venu du Nord. Un ouvrage à propos duquel les critiques semblent unanimes : "Si l'on devait n'en lire qu'un cette année, ce serait celui-là." Ironie de la situation, ce roman s'appelle Purge. Mais il paraît qu'en finnois, la langue de l'auteur, ce mot n'a aucunement le sens - d'ailleurs vieilli - de punition. "Puhdistus, c'est tout ce qui est lié à l'action de nettoyer, explique Sofi Oksanen. Nettoyer, laver, épurer, désinfecter... mais aussi purifier ethniquement, purger au sens de Staline..."
Best-seller dans les pays nordiques, Purge est en effet une potion décapante préparée par une ensorceleuse de 33 ans qui frappe d'abord par son allure.

Mi-divinité gothique, mi-fée Carabosse, Sofi Oksanen a la bouche fardée de mauve, les mains peintes au henné et la tête encadrée d'immenses dread-locks roses et noires dégringolant jusque sur ses reins. Née à Jyväskylä, à 270 km au nord d'Helsinki, d'une mère estonienne et d'un père finlandais, elle a d'abord étudié la littérature puis la dramaturgie, avant de s'essayer à l'écriture. "Aussi curieux que cela puisse paraître, mon premier livre, Les Vaches de Staline, combinait boulimie et histoire soviétique, explique-t-elle. Dans le deuxième, Baby Jane, je me suis intéressée aux attaques de panique et aux désarrois de la "génération Prozac". Ce qui m'attire avant tout, ce sont les destins bâillonnés, les personnages muets, les histoires tues. S'approcher du non-dit et tenter de l'articuler, n'est-ce pas l'essence même de l'écriture ?"

Du dégoût silencieux, de l'expiation rageuse, on en trouve à chaque page de Purge (qui vient de recevoir le Prix du roman Fnac). Or, tout l'art de Sofi Oksanen consiste à s'en approcher lentement afin que ses deux protagonistes, Zara et Aliide, finissent par s'avouer à elles-mêmes les violences dont elles ont été victimes et qui ont fait de leur corps un objet de honte à vie.

(Le Monde des Livres)