Un groupe de soldats ukrainiens a pour mission de traverser deux kilomètres de forêt occupés pour libérer des forces russes le village d'Andriivka. Un journaliste les accompagne, témoin des ravages de la guerre et de l'incertitude croissante quant à son issue.
TELERAMA
Les caméras posées sur les casques des soldats ukrainiens nous projettent au milieu du chaos. Toutes les dimensions humaines du conflit dans un regard documentaire inédit, par le réalisateur de “20 jours à Marioupol”.Features
Le cinéma ne devrait-il pas regarder plus souvent du côté de l’Ukraine et de la guerre qui y fait encore rage ? Il le fait avec ce documentaire qui nous précipite sur la ligne de front et, face à ces images terribles, on se demande si l’on ne va pas devoir baisser les yeux… Il faut pourtant voir À 2 000 mètres d’Andriivka, un film bouleversant et essentiel.
Le réalisateur oscarisé de 20 jours à Marioupol (2023) a livré une retentissante bataille pour l’image, à moins de deux heures de route de sa ville natale, Kharkiv. Pour reprendre le village d’Andriivka aux troupes russes, un bataillon ukrainien a reçu l’ordre d’emprunter le seul passage possible au milieu d’un champ de mines : une forêt qui dessine une bande de 2 000 mètres. Couvrir cette petite distance sera un enfer. Avec des caméras embarquées sur les casques des soldats, on plonge d’emblée au cœur d’un déluge de tirs d’artillerie, de grenades et de drones. Un chaos où se mêlent la technologie d’aujourd’hui et la guerre de tranchées, les écrans de contrôle et le garrot qu’il faut savoir poser pour qu’un blessé ne se vide pas de son sang.
La vie, aux portes de la mort
Nous sommes en septembre 2023, l’Ukraine vient de lancer une contre-offensive dont les résultats seront décevants. Par-delà ces circonstances, Mstyslav Chernov déploie une ambition différente de celles des reporters. Ce n’est pas de l’information qu’il veut partager avec nous mais la vie, aux portes de la mort. La proximité est inédite avec ceux qui se battent et interpellent leur ennemi : « Qu’est-ce que vous êtes venus foutre ici ? » « Je ne sais pas pourquoi on est là », répond un soldat russe fait prisonnier. À hauteur d’homme, la guerre en Ukraine nous saute aux yeux, tout à la fois plus concrète, plus décisive, plus absurde, plus barbare et plus noble qu’on pourrait le croire, parce que la solidarité entre les combattants ukrainiens y préserve une grandeur vaille que vaille. Toutes les dimensions humaines du conflit se trouvent rassemblées en un geste de cinéma inoubliable.