arpoma l'art par la musique
        dimanche 24 novembre 2024 - 22h50
menu / actu

liste / rep

atlas / rech
(261 sur 285)   (liste)
◀◀         (261 sur 285)         ►►


























(grand format)   (taille reelle) (loupe: alt+cmd+8)
TOUT S EST BIEN PASSE, Francois Ozon, Andre Dussolier,Sophie Marceau (sante societe)@@@

Emmanuèle, romancière épanouie dans sa vie privée et professionnelle, se rend à l'hôpital où se trouve son père André, qui vient de faire un AVC. Fantasque, aimant passionnément la vie, curieux de tout, mais diminué, il demande à sa fille de l'aider à mourir.

TELERAMA
François Ozon aborde le sujet délicat du suicide assisté, inspiré par une histoire vraie. André Dussollier impressionne en vieil homme sarcastique.
A-t-on ri ne serait-ce qu’une fois en dévorant Tout s’est bien passé, le livre d’Emmanuèle Bernheim, paru il y a huit ans ? Dans le miroir déformant de nos souvenirs, la précision sèche du récit, sa gravité ramassée ont fini par imposer leur domination… Non pas que l’on se soit gondolée devant l’adaptation qu’en a réalisée François Ozon, loin de là, mais le film découvert mercredi en compétition au Festival de Cannes en 2021, surprend par ses éclats d’humour, d’autant plus cruels et savoureux qu’ils sont tirés à bout portant par un acteur tendrement aimé et généralement tenu pour inoffensif, André Dussollier.

La science du casting, chez Ozon, fait merveille. Septuagénaire à la voix d’or, l’éternellement fringant Dussollier incarne donc André Bernheim, 85 ans, grand bourgeois et collectionneur d’art qu’un AVC rend hémiplégique et qui choisit d’aller mourir en Suisse et dans la dignité, selon la formule consacrée. Métamorphosé par des prothèses, le visage déformé, l’élocution difficile, diminué et rageur, le comédien livre une « performance » bluffante. Le cinéaste s’intéresse d’abord au quotidien concret du patient et de ses proches – l’hôpital et son cortège de terreurs –, puis dessine le portrait d’un esthète autoritaire et charmeur, d’un égoïste jouisseur, mari infidèle d’une sculptrice dépressive (Charlotte Rampling) et redoutable père d’une paire de filles interprétées par Sophie Marceau et Géraldine Pailhas.

Du déni à l’acceptation
« Tu es mon fils préféré », lâche le vieil homme désormais infirme à Emmanuelle, alias la romancière, à qui il confie une mission impossible : l’aider « à en finir ». Même si la malheureuse rêva, enfant, d’occire ce pater pas très familias, bonjour le cadeau empoisonné ! Tout s’est bien passé raconte son trajet intime, du refus initial à l’acceptation, avec une intelligence fidèle à l’ouvrage d’origine. Femme aux yeux secs – porteuse de lentilles, on la voit plusieurs fois se mettre des « fausses larmes » –, l’autrice pleurera bientôt pour de bon sans que le long métrage ne verse dans un pathos éhonté.

Sophie Marceau incarne avec beaucoup de sensibilité et de retenue cette adulte solide, bouleversée jusque dans ses rêves mais se découvrant aussi un courage insoupçonné. Ozon filme joliment la complicité qui l’unit à sa frangine : lors d’une courte scène sans paroles, il les montre entremêlant leurs pieds telles deux gamines joueuses, et tout est dit. Peut-être était-il inutile, alors, d’ajouter des flash-back pour illustrer la jeunesse douloureuse de l’héroïne ? Qu’importe. Tout s’est bien passé trouve un équilibre harmonieux entre le drame familial et le film-dossier – les aspects légaux et moraux, du suicide assisté, interdit en France, sont traités sans détours –, tout en ménageant un étrange suspense : la « grande évasion » aura-t-elle lieu ?