lancon (philippe) - le lambeau (recit) femina 2018
quelle que soit la qualité du soignant, le patient reste isolé dans sa souffrance comme dans une drogue encore plus forte que celles qu’on peut lui donner. Il l’a butine et là transporte vers des fleurs inconnues et sauvages, qui fleurissent à toute heure comme si c’était la nuit.
Prix Femina 2018
Lambeau, subst. masc.
1. Morceau d’étoffe, de papier, de matière souple, déchiré ou arraché, détaché du tout ou y attenant en partie.
2. Par analogie : morceau de chair ou de peau arrachée volontairement ou accidentellement. Lambeau sanglant ; lambeaux de chair et de sang. Juan, désespéré, le mordit à la joue, déchira un lambeau de chair qui découvrait sa mâchoire (Borel, Champavert, 1833, p. 55).
3. Chirurgie : segment de parties molles conservées lors de l’amputation d’un membre pour recouvrir les parties osseuses et obtenir une cicatrice souple. Il ne restait plus après l’amputation qu’à rabattre le lambeau de chair sur la plaie, ainsi qu’une épaulette à plat (Zola, Débâcle, 1892, p. 338).
(Définitions extraites du Trésor de la Langue Française).
L’ouvrage revient sur l’attentat de « Charlie Hebdo » et raconte la lente reconstruction de l’auteur après sa grave blessure au visage.
Un livre magistral, revenu d’entre les morts. Publié au printemps, un peu plus de trois ans après l’attentat de Charlie Hebdo, où Philippe Lançon a été défiguré, la mâchoire emportée par une balle, Le Lambeau raconte comment « celui qui n’était pas tout à fait mort » doit cohabiter avec « celui qui allait devoir survivre ».
Tentant de maintenir un lien avec le monde des vivants, décrivant cette béance, tout en racontant son parcours médical vers la reconstruction, Lançon hisse chaque évocation intime au niveau d’une méditation universelle sur notre temps, nos aveuglements : sa plume nous en met plein la gueule ; son visage défait exhibe tout ce que nous ne voulons pas regarder en face ; sa lucidité est une fidélité à l’enfant qu’il fut ; ses souvenirs d’enfance ressemblent déjà à nos souvenirs de guerre. C’est ce brûlant journal de deuil que les jurées du Femina ont récompensé.