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CONTE DE PRINTEMPS

Quand Jeanne, jeune professeur de philosophie, sort de son école secondaire de banlieue et retrouve le désordre de l'appartement de Mathieu, son fiancé, parti pour quelques jours, elle préfère retourner dans son propre studio.

TELERAMA
Bavard, cérébral, mais jamais ennuyeux ni poseur : tout l’art, subtil, de Rohmer.
J'attends rien ni personne. J’attends que le temps passe, j’attends que la nuit cesse et que le soleil se lève. » Assise dans un canapé, à la crémaillère d’une amie chez qui elle s’est rendue à reculons, Jeanne se confie à Natacha. Entre la prof de philo brune aux cheveux courts et la blonde bachelière aux cheveux longs, le courant passe. À la faveur d’un concours de circonstances immobilières dont seul Éric Rohmer a le secret, les deux jeunes femmes vont bientôt partager le même appartement et leurs secrets de famille. Éclosion d’une amitié aussi spontanée que joyeusement utopique. Quelle adolescente inviterait une parfaite inconnue à s’installer dans la chambre de son père parti en voyage d’affaires ?
Premier volet des Contes des quatre saisons, l’épisode printanier est sans doute le plus littéraire de la série, le plus précieux pour les convertis mais aussi le plus ridicule pour les allergiques tant le dialecticien du discours amoureux y déploie sans frein son art de l’artifice. Ton sur ton devant une affiche de Matisse ou presque incrustés dans un papier peint à fleurs bronze, les personnages philosophent sur l’anneau de Gygès ou sur « la possibilité des jugements synthétiques a priori » en jouant Les Chants de l’aube de Robert Schumann. Tant de beauté surannée foudroie.