Chaque année, des milliers de personnes disparaissent sans laisser de traces au Japon. Connues sous le nom de Johatsu, ou "évaporées", elles abandonnent leur vie face aux difficultés rencontrées. Par le prisme d'une gérante d'une société de déménagements de nuit (yonige-ya), le film compose un portrait intime et sensible en forme de mosaïque décrivant un phénomène social touchant tous les milieux et nous invitant à une réflexion universelle sur notre rapport à la modernité.
TELERAMA
L'estimation varie selon les sources : 80 000 ? 90 000 ? 100 000 ? Toujours est-il que, chaque année, des dizaines de milliers de Japonais se soustraient à une existence devenue trop pénible, qu’ils croulent sous les dettes, soient menacés par la mafia, soient victimes de violences conjugales ou qu’une faute commise les expose à la honte. Alternative au suicide, le jōhatsu (« évaporation ») est un phénomène fréquent au Japon, où sont allés tourner Andreas Hartmann et Arata Mori, auteurs de ce documentaire composé de témoignages intéressants.
On y croise un homme fuyant ses créanciers, un jeune couple réfugié dans un love hotel, mais aussi une mère désespérant de retrouver son fils, butant sur une législation garantissant le droit de disparaître. S’il croise une grande variété de cas, Évaporés procède par petites touches, peinant à construire un propos qui se tienne tout à fait. Et l’on se dit qu’il eût sans doute été plus judicieux de suivre d’un bout à l’autre l’activité d’une de ces agences proposant aux candidats à l’évaporation toutes sortes de services, de l’évasion nocturne à la fourniture d’un logement, d’un emploi… À voir celle qui la dirige organiser des enlèvements pour ceux-là même qu’elle enlève, on ne doute pas qu’il y avait là matière à une narration plus forte, à un film plus prenant.