Lucas Steiner, juif allemand réfugié à Paris depuis l'avènement du nazisme, a dû quitter la France, laissant à sa femme Marion la direction du prestigieux Théâtre Montmartre. Marion s'efforce de maintenir le théâtre en état de marche, mais cela ne va pas sans difficulté.
TELERAMA
Dix césars pour Truffaut grâce aux amours, sous l’Occupation, de Marion, directrice de théâtre, et Bernard, acteur. Mécanique romanesque, seconds rôles, reconstitution, tout est parfait.
En 1942, François Truffaut avait 10 ans. Le jour, il se réfugiait dans les cinémas, au point de connaître par cœur les dialogues du Corbeau, d'Henri-Georges Clouzot. La nuit, il dormait dans les stations de métro, où il échangeait des poignées de porte en cuivre contre du vin, qu'il revendait ensuite. Le Dernier Métro est une transposition labyrinthique de ses souvenirs de cette époque noire, le théâtre prenant la place du septième art, les personnages d'adultes doubles et intransigeants parlant pour l'enfant qu'il fut.
Même à la fin de sa carrière, la dissimulation reste le thème favori du cinéaste, qui bâtit un scénario plein de portes secrètes : armée d'un faux certificat d'aryanisation, la comédienne Marion Steiner cache son mari, metteur en scène juif allemand, dans la cave de son théâtre, d'où il suit incognito les répétitions d'un spectacle. Dans les coulisses, Marion cède aux feux de la passion avec l'acteur principal, Bernard Granger... Cela donne l'occasion à Truffaut de remettre dans la bouche de Catherine Deneuve les répliques fétiches qu'elle prononçait, dix ans auparavant, dans La Sirène du Mississippi, et qui sonnent comme des paroles de retrouvailles intenses et complices. À l'image de ces innombrables poignées de main qui traversent le film, tour à tour fiévreuses, amicales, méfiantes ou charnelles.