Le Requiem de Jean Gilles est une messe de requiem pour solistes (soprano, alto, ténor et basse), chœur et orchestre composée par Jean Gilles et qui fut interprétée lors des funérailles de Jean-Philippe Rameau et de Louis XV1.
Le doute plane sur la datation et la destination exactes du Requiem mais il semble certain qu'il fut écrit dans les dernières années de la vie de Jean Gilles, peu après sa nomination à la cathédrale Saint-Étienne de Toulouse en 16972 où il fut engagé après avoir été Maître de musique à la cathédrale Saint-Sauveur d'Aix-en-Provence et à la cathédrale Saint-Étienne d'Agde3.
Le doute vient de témoignages discordants. D'un côté, Sir John Hawkins rapporte en 1776 que Jean Gilles chanta lui-même lors de la première représentation du Requiem mais, de l'autre, le premier biographe de Gilles, Bougerel, affirme que le Requiem fut interprété pour la première fois lors des propres funérailles de Jean Gilles4.
Cette deuxième version semble confortée par l'édition de 1764 du Requiem, probablement écrite par Michel Corrette, qui raconte que la messe fut initialement écrite pour les funérailles d'un citoyen important de Toulouse, que Gilles voulut beaucoup plus de musiciens que ceux qui étaient en charge à Saint-Étienne et que les administrateurs de la cérémonie refusèrent de payer : ceci aurait irrité Gilles qui décida que sa messe ne serait entendue qu'après sa propre mort4.
L'auteur des Sentiments d'un Harmoniphile (Morambert ou Laugier, 1756) donne une version plus détaillée de cette anecdote4,2. Deux conseillers du Parlement de Toulouse étant décédés, leurs deux fils commandent une messe de Requiem à Jean Gilles. Gilles accepte en demandant un délai de six mois. Les commanditaires acceptent ce délai et lui payent une avance de dix louis d'or mais ils se rétractent lorsque la messe est écrite. « Eh !, bien, dit Gilles, elle ne sera exécutée pour personne et j'en veux avoir l'étrenne »3,2.
Jean Gilles décède prématurément à l'âge de 37 ans et la messe est chantée pour la première fois lors de ses funérailles le 6 février 1705 sous la direction d'André Campra, qui avait eu à Aix le même professeur que Jean Gilles3.
Ce Requiem devient ensuite non seulement une des œuvres les plus jouées au Concert Spirituel, qui l'interprétera quinze fois jusqu'en 17702 mais également l'accompagnement obligé des funérailles de personnages importants comme Louis XV et Jean-Philippe Rameau en 17643.