THE MISSOURI BREAKS, Arthur Penn 1967, Jack Nicholson, Randy Quaid, Kathleen Lloyd (western)
Montana, 1880. Afin de lutter contre un gang de voleurs de chevaux dirigé par Jack Nicholson, un propriétaire terrien engage un tueur à gages, un régulateur excentrique et ultra-violent. Un festival de déguisements pour Marlon Brando, dandy efféminé, mis en scène par le réalisateur du Gaucher et de Bonnie & Clyde.
TELERAMA
Si vous aimez le western classique, passez votre chemin. Celui-ci sabote le genre, au-delà même de ce que souhaitait sans doute Arthur Penn, qui réalisait là, au moment où son pays était plongé dans le bourbier vietnamien, une sorte d’antiwestern, insolent, baroque, libertaire. Sur le versant politique, le cinéaste décrivait le capitalisme sauvage des grands propriétaires terriens, qui recrutaient des mercenaires pour faire la police.
Le film raconte l’affrontement entre deux hommes, un tueur à gages aussi impitoyable qu’original (Marlon Brando) et un voleur de bétail (Jack Nicholson). Autant dire un face-à-face entre deux monstres sacrés, alors au sommet, dont l’un échappa totalement au contrôle du cinéaste. Brando imposa toutes sortes de tocades, changeant à chaque séquence d’accents et de chapeaux, improvisant des poèmes d’amour en croquant une carotte avec son cheval ou surgissant travesti en grand-mère fantasque, avec robe, tablier et capote à rubans. Une performance déroutante, ayant le mérite de souligner l’ambiguïté perverse du psychopathe en armes, et l’occasion pour Brando de marquer les esprits, voire de voler la vedette à Nicholson, plus longtemps au premier plan. Entre la farce et la violence imprévisible, le nanar et le manifeste (anarchiste mais aussi féministe), les fusillades et la vadrouille au ralenti, le film est bancal mais se regarde comme une vraie curiosité. Valant son pesant de poudre et de parfum capiteux au lilas.