A Casablanca, pendant la Seconde Guerre mondiale, le night-club le plus couru de la ville est tenu par Rick Blaine, un Américain en exil. L'établissement sert également de refuge à ceux qui voudraient se procurer les papiers nécessaires pour quitter le pays. Lorsque Rick voit débarquer un soir le dissident politique Victor Laszlo et son épouse Ilsa, quelle n'est pas sa surprise de retrouver dans ces circonstances le grand amour de sa vie.
TELERAMA
1942, Casablanca. Pour l’amour d’une femme, un Américain sort de sa neutralité désabusée et aide deux résistants. Un de ces classiques qu’on ne cesse de revoir.
Dans ce café brumeux de Casablanca, au milieu de la Seconde Guerre, le port du voile intérieur est indispensable, pour cacher ses souvenirs et ne pas regarder l’avenir en face. Voilà pourquoi, au commencement, le patron, Rick, n’a pas de visage. Ce n’est qu’une main lasse et inquiète, dont la caméra capte les mouvements crispés au bas d’un chèque, puis sur une pièce de jeu d’échecs. Ilsa, la cliente qu’il ne veut pas voir, n’a d’yeux que pour d’autres mains, celles d’un pianiste qui joue un air ancien, aux parfums de madeleine de Proust. Évidemment, Ilsa et Rick se sont aimés autrefois, dans un Paris de carton-pâte dont les artifices ne font que renforcer la douleur onirique. Évidemment, leurs retrouvailles ne peuvent que secouer les murs d’une ville bâtie pour l’entre-deux…
Tourné en pleine guerre, ce classique du cinéma surprend d’abord par son ironie visionnaire : on y jette à la poubelle des bouteilles d’eau de Vichy, et la victoire de la Résistance paraît certaine. Mais c’est surtout la magie éternelle du couple Bogart-Bergman qui ébranle. L’actrice raconta que la grâce lunaire et chancelante de leur jeu venait de l’état d’incertitude dans lequel ils étaient maintenus en permanence. Leurs répliques étaient écrites au jour le jour, et le dénouement de l’histoire leur fut caché jusqu’au dernier moment. Dire qu’à l’origine les studios pensaient faire jouer ce couple mythique par Ann Sheridan et Ronald Reagan…