AUGUSTINE, Alice Winocour 2012; Vincent Lindon, Soko, Chiara Mastroiani (sante societe)@@
Paris, hiver 1885. A l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Augustine, 19 ans, atteinte de pertes de conscience accompagnées de mouvements désordonnés, vient consulter le professeur Jean-Martin Charcot, clinicien neurologue qui travaille sur une mystérieuse maladie, l'hystérie. Charcot pratique l'hypnose qui lui permet de déclencher les symptômes de la maladie et ainsi montrer que des traumatismes émotionnels en sont, au moins en partie, à l'origine.
TELERAMA
À la fin du XIXe siècle, le professeur Charcot soigne l’“hystérie” féminine. Augustine l’intéresse particulièrement… Un premier film maîtrisé (presque trop !), et une superbe interprétation.
Dans la société hyper rigide de cette France du XIXᵉ siècle finissant, en des temps où la psychanalyse balbutie encore, on qualifie d’« hystériques » de pauvres filles qui semblent possédées par le démon. Dans son laboratoire, le Pr Charcot tente, par l’hypnose, de les guérir. Parmi ses patientes, une jeune fille devient sa malade favorite.
À la vision des scènes à la Salpêtrière – défilé de femmes échevelées aux yeux fous –, on sent poindre le piège du naturalisme. Mais Alice Winocour y échappe très vite pour mieux miser sur le fantastique : la maison du Pr Charcot est une forteresse, sortie d’un film expressionniste. Les dîners entre le médecin et son épouse ressemblent à des réunions de vampires exsangues. Et les séances d’hypnose de Charcot sur Augustine deviennent des cérémonies violentes, dignes de L’Exorciste, de Friedkin. Et aussi des corps-à-corps à l’ambiguïté secrète : amoureuse de son médecin, Augustine finit par simuler devant son « public » des symptômes qu’elle n’éprouve plus. Cette jeune femme, dont Alice Winocour fait une féministe avant la lettre – elle devient maîtresse de son corps et de ses sentiments –, est interprétée par Soko. Audacieuse, elle ose tout ce que sa réalisatrice lui demande : on sent, entre elles, une osmose. C’est cette complicité qui, dans ce film à l’esthétisme un peu froid, émeut et séduit.