arpoma l'art par la musique
        vendredi 19 décembre 2025 - 11h55
menu / actu

liste / rep

atlas / rech
(750 sur 996)   (liste)
◀◀         (750 sur 996)         ►►


























(grand format)   (taille reelle) (loupe: alt+cmd+8)
PLAN 75, Chie Hayakawa 2022, Chieko Baishô, Hayato Isomura (societe moeurs euthanasie)(japon)@@

Le programme gouvernemental Plan 75 encourage les personnes âgées à se faire euthanasier pour rajeunir une société vieillissante. Une femme âgée dont les moyens de survie disparaissent, un vendeur pragmatique du Plan 75 et un ouvrier philippin sont confrontés à des choix de vie ou de mort.

TELERAMA
En imaginant un plan d’euthanasie généralisée pour les plus de 75 ans, ce film s’attaque avec brio à un sujet brûlant : le vieillissement de la population japonaise. Aussi délicat que terrifiant.

Flou artistique et angoissant : un jeune homme se donne la mort dans ce qui semble être un Ehpad, si on en juge par ce fauteuil roulant vide, renversé dans l’entrée Il vient de massacrer tous les pensionnaires, pour alerter, d’après lui, sur le problème de la population vieillissante au Japon. Deuxième séquence, quelques mois plus tard : le gouvernement japonais vient de mettre en place un plan d’euthanasie généralisée à partir de 75 ans. Les seniors sont invités, s’ils le souhaitent, à s’inscrire à une mort assistée, les plus pauvres d’entre eux pouvant même bénéficier d’une prime de 100 000 yens pour leur assurer confort et plaisir dans leurs dernières semaines…

Ce film présenté dans la section Un certain regard du Festival de Cannes frappe par sa violence douce, comme anesthésiée, dans un Japon très légèrement futuriste. Un jeune fonctionnaire du gouvernement écoule avec le sourire des contrats d’euthanasie comme on vend des assurances. Michi, une modeste septuagénaire, vient de perdre son boulot harassant de femme de ménage dans un hôtel. Elle est seule au monde, bientôt son immeuble sera détruit, alors pourquoi ne pas succomber aux sirènes de cette fin programmée ? Pourquoi ne pas se sacrifier pour son pays ?

Plan 75 avance au fil du quotidien de cette vieille dame si poliment résignée (magnifique Chieko Baisho, toute de grâce mélancolique), face à une administration qui la juge obsolète. Parallèlement, il y a la prise de conscience à suspense d’un jeune homme qui se demande s’il est juste de laisser son père disparaître pour ne plus encombrer… Délicate à faire peur, la mise en scène éclaire d’autant mieux la déshumanisation et l’atteinte insupportable à la dignité des personnes âgées. Jusqu’ici, des cinéastes avaient abordé, à travers des cas particuliers, le thème de l’euthanasie choisie. Ce film remarquable est le premier à l’aborder comme un potentiel système d’État, et cela fait froid dans le dos.