En 1938, Lurçat découvre la tenture de l'Apocalypse d'Angers qui est, pour lui, une révélation esthétique (ampleur et poésie) et technique (gros tissage, palette réduite, dessin simplifié). Il crée ainsi le carton à couleurs non plus peintes mais numérotées et limitées en nombre, révolution technique qui devait entraîner une révolution commerciale ; le temps d'exécution est ainsi réduit, mais le travail du lissier devient purement mécanique. [...]
Influencé en peinture par les fauves, par les cubistes puis par les surréalistes, Lurçat est, dans ses cartons, essentiellement symboliste.
Les symboles, souvent répétés (le coq, annonciateur de l'aurore, le soleil, symbole de vie), parfois originaux et sophistiqués, sont servis par un dessin stylisé, clair et dense où l'utilisation de l'élément végétal comme remplissage des motifs est déjà très fréquente.
La guerre de 1940 oriente Lurçat vers des sujets engagés : Es la verdad (1942) et Liberté (1943, d'après le poème d'Eluard) sont tissées clandestinement à Aubusson.
Puis il travaille à des œuvres monumentales aussi bien pour les églises (Assy, 1947, Tapisserie de l'Apocalypse ) que pour des édifices publics (musée du vin à Beaune, 1947).
C'est en 1957 que commence à Aubusson la mise au métier de cette tenture gigantesque, en dix panneaux, intitulée Le Chant du monde (acquise par la municipalité d'Angers).
Elle illustre sur quatre-vingts mètres de long les angoisses et les espérances de l'homme à l'ère atomique, la "poésie" étant la réponse ultime, optimiste et victorieuse aux agressions diverses représentées essentiellement par L'Homme d'Hiroshima .
Il est un des principaux promoteurs, en 1962, de la biennale de la tapisserie à Lausanne.
Jean Lurçat est un peintre, céramiste et créateur de tapisserie français, né à Bruyères (Vosges) le 1er juillet 1892 et mort à Saint-Paul-de-Vence le 6 janvier 1966.
Il doit principalement sa notoriété à ses travaux de tapisserie dont il rénova en profondeur le langage.