MOBIUS, Eric Rochant, Jean Dujardin, Cecile de France (thriller)@ ()
Grégory Lioubov, un officier des services secrets russes est envoyé à Monaco afin de surveiller les agissements d'un puissant homme d'affaires. Dans le cadre de cette mission, son équipe recrute Alice, une surdouée de la finance. Soupçonnant sa trahison, Grégory va rompre la règle d'or et entrer en contact avec Alice, son agent infiltré.
TELERAMA
Aucun des personnages ne suscite l’empathie, pas même les deux héros : le fils spirituel sans scrupule du futur patron des services secrets russes et une tradeuse sans foi ni loi, aussi belle et froide que ses tenues chics. Mais ces deux-là tombent amoureux. Les voilà donc vulnérables et attendrissants, comme l’étaient Ingrid Bergman et Cary Grant dans Les Enchaînés. Hitchcock semble avoir été en effet le modèle d’Eric Rochant. Mais pour suggérer l’entente physique entre ses héros, Hitchcock imaginait un long baiser où ils tournoyaient interminablement dans le décor. Eric Rochant, lui, a choisi de filmer des orgasmes… Le double (triple) jeu des espions sert de prétexte à des scènes spectaculaires. Deux sont particulièrement réussies. Côté suspense, une lutte, suivie d’un meurtre, dans un ascenseur. Côté émotion, le moment où, dans un restaurant, les deux amants, abasourdis, se reconnaissent tels qu’ils sont, sans mesurer encore à quel point le destin s’est joué d’eux.
On nage dans les invraisemblances, bien sûr : l’agent russe Dujardin parle sa langue avec un accent à couper au couteau. Plus embêtant : cette mode insistante du happy end forcé. Les producteurs iront-ils jusqu’à imposer, un jour, que Roméo épouse Juliette, qu’Emma soit fidèle à Charles Bovary et que les trois sœurs de Tchekhov s’en aillent à Moscou ?