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EXPÉDITION 33, Sandfall Interactive (jeu video)@@   (voir la video)




L'intrigue se déroule dans un univers sombre et fantastique aux traits inspirés de la Belle Époque, dans lequel une entité mystérieuse est réputée responsable des maux de la civilisation : elle est nommée la « Peintresse ». Chaque année, cette dernière inscrit un nombre décroissant sur un monolithe géant dressé à l'horizon ; à ce moment, toute personne âgée de cet âge-là ou plus disparait, comme « gommée » du monde. La ville fictive de Lumière, où n'habitent donc plus que des jeunes gens, envoie alors une expédition tenter de briser le cycle imposé par la Peintresse ; le joueur incarne un membre de l'expédition des « moins de 33 ans ». Le scénario propose d'importants rebondissements qui permettent à l'œuvre d'explorer la thématique du deuil.

TELERAMA
À peine sorti, et déjà plus d’un million d’exemplaires écoulés et les félicitations du… président Macron. Trois clefs pour comprendre l’engouement pour “Clair Obscur”, créé par un petit studio de Montpellier, Sandfall Interactive.
« Clair Obscur : expédition 33 » se déroule dans un futur proche et dystopique à Lumière, une ville française qui évoque Paris.
Par Stéphane Jarno

C'est la sensation vidéoludique du moment ! Depuis son lancement le 24 avril dernier, Clair Obscur : Expédition 33 bat tous les records. Créé par Sandfall Interactive, un petit studio montpelliérain fondé en 2020 qui compte une trentaine de personnes, ce jeu indépendant suscite un enthousiasme international, tant du côté de la critique que des joueurs.

Plus d’un million d’exemplaires se sont écoulés en à peine quelques jours, et les versions physiques du jeu sont quasi introuvables. Même Emmanuel Macron, dont on ignorait jusqu’alors le tropisme « gamer », s’est fendu hier d’un post sur Instagram : « Vous faites rayonner l’audace et la créativité à la française. » De fait, dans un secteur où majors et grosses licences se taillent habituellement la part du lion, il est rare qu’une petite production rencontre aussi vite un tel succès. Son prix assez modique (50 euros), au regard des superproductions qui passent désormais allègrement la barre de 70 euros, n’explique pas tout. Nous avons cherché à comprendre les raisons de cette unanimité.

Une histoire originale
Clair Obscur : Expédition 33 se déroule dans un futur proche et dystopique à Lumière, une ville française qui évoque Paris, mais qu’une anomalie, la Peintresse, a profondément transformée. Cette entité, dont on ignore la nature exacte, a changé l’ordre du monde et dessine tous les ans un nombre sur un monolithe. Toutes celles et ceux qui vont atteindre cet âge sont dès lors condamnés à disparaître. Pour tenter d’enrayer ce compte à rebours mortel, les survivants dépêchent chaque année leurs meilleurs éléments sur le terrain. Jusqu’à maintenant, sans succès… Petit-cousin de L’Âge de cristal, le film de Michael Anderson (1976) et de La Horde du contrevent, le roman d’Alain Damasio (2004), cette production française surfe sur la vieille obsession humaine de la course contre le temps et du sacrifice de la jeunesse dont le mythe du Minotaure est une des premières expressions connues. Pleine de surprises et de rebondissements, construite comme un puzzle, cette quête n’a rien cependant d’une énième course à l’échalote. Le côté inéluctable de la malédiction, le deuil des générations déjà annihilées lui apportent une intensité particulière et s’il y a beaucoup d’humour et d’action dans le jeu, il n’est pas rare que la mélancolie et les souvenirs s’invitent à la fête. De la pure « fantasy » qui pourtant résonne étrangement avec notre époque, où l’idée même de lendemain n’a rien d’acquis et semble même de plus en plus incertaine.

Une “french touch” rafraîchissante
Les innombrables mondes traversés lors de ce long et étonnant périple (un océan suspendu, une forêt indigo et bioluminescente, un sanctuaire de fétiches en bois, etc.) comme les créatures qui les peuplent témoignent d’une créativité peu commune et d’un soin extrême porté aux détails. Décors Art nouveau inspirés de la Belle Époque, qualité des musiques originales, accent mis sur les couleurs et les doublages voix, dialogues souvent piquants et bien écrits : la direction artistique est remarquable, peut-être parce que le pdg du studio, Guillaume Broche, en est aussi le directeur créatif. Sans être appuyés, les clins d’œil à la culture française, en vrac, du mime Marceau à Manu Chao en passant par l’accordéon, la marinière et la guitare électrique (!), sortent des archétypes habituels. Une « french touch » assez rafraîchissante et, semble-t-il, plutôt bien appréciée à l’étranger.

À l’évidence Clair Obscur s’inspire des RPG ( « role playing game » ou « jeu de rôle » ) japonais comme Final Fantasy ou Persona. Sans avoir la même puissance de feu que les studios nippons, les Montpelliérains (pour beaucoup des anciens d’Ubisoft) ont su garder le meilleur de leurs modèles en adoptant, par exemple, un système de jeu où les combats se déroulent au tour par tour. Avec un vrai « plus » : l’accent mis sur les esquives et les parades. En s’initiant à ces techniques et en utilisant au mieux différentes compétences acquises au fil du jeu, il est possible de vaincre de nombreux boss et adversaires en retournant, un peu comme au judo, leurs propres forces contre eux.