Une émeute éclate dans la cité des Muguets, à la suite d'une bavure policière. Au petit matin, trois copains se retrouvent.
TELERAMA
Mathieu Kassovitz, caméra à l’épaule, suit les aventures de trois jeunes banlieusards. Une chronique de deux bavures ordinaires, non dénuée d’humour.
À sa sortie, Mathieu Kassovitz avait voulu faire passer La Haine pour un brûlot, déclarant avoir réalisé « un film contre les flics », et les médias en avaient fait l’accroche commode de documents sur le mal des banlieues. La vérité est plus nuancée. Au départ, La Haine fait tout simplement la chronique de deux bavures ordinaires.
Le film n’incite jamais à la violence : la « haine » passe d’abord par les mots et, si elle se matérialise, c’est à la suite d’un engrenage de circonstances malheureuses, où la bêtise et la peur le disputent à la colère. Kassovitz n’est pas un documentariste. Le style, noir et blanc coup de poing et caméra à l’épaule, soigne les effets de surprise et les ruptures de ton. L’odyssée de trois jeunes prend la forme d’une balade picaresque. C’est presque une suite de sketches, écrits au scalpel, où le rire surgit des trouvailles langagières. Kassovitz est doté d’un solide sens de l’humour. Il sait comment faire rire ou émouvoir.