Paris, 1914. Pour échapper à la prostitution, la jeune Nélie Laborde s’engage comme auxiliaire de la Croix-Rouge. Témoin de la mort de Rose, une consœur de son âge attendue à Nancy comme lectrice auprès d’Éléonore de Lengwii, une riche bourgeoise de province, elle usurpe son identité. Devenue Rose, elle prend peu à peu ses marques dans la maisonnée, emplie de gratitude pour la maîtresse des lieux qui s’attache à elle. Mais un soir, la véritable Rose fait irruption et réclame la place qui lui était promise…
TELERAMA
Un beau film à suspense sur fond d’injustice sociale. Mais la rédaction est partagée.
Pour
Fille de lingère, de père inconnu, Nélie (Lyna Khoudri) échappe à la prostitution et à la misère en devenant infirmière auxiliaire durant la guerre de 14-18. Une nuit, une jeune femme suisse, Rose, meurt sous ses yeux à la suite d’un bombardement. Nélie décide alors de prendre sa place. Elle rejoint Nancy, où elle se présente auprès d’une riche veuve, Éléonore (Sabine Azéma), pour devenir sa lectrice. La maison bourgeoise devient un petit théâtre où se noue un lien étrange. Entre deux femmes de conditions, d’esprits et d’âges différents. La fausse Rose se montre séduisante, attentionnée, spirituelle. C’est le pari du film : faire de la menteuse une héroïne romanesque.
Nélie imite si bien celle qu’elle a rêvé d’être qu’elle le devient. À savoir : une femme indépendante, libérée du joug des hommes, qui trouve une forme de paix dans un endroit protégé. Cette affaire de femmes repose essentiellement sur une volonté acharnée de justice sociale. On n’oubliera pas de sitôt la séquence poignante où Nélie, acculée au fond d’un couloir, lève la main pour témoigner d’une brûlure sur sa paume, comme si elle prêtait serment devant un tribunal. — J.M.
Contre
L’histoire est forte, ou pourrait l’être… Mais elle est si mal racontée ! Tout en nous plongeant dans une intrigue tissée de mensonges et de dissimulations, la réalisatrice fait de son héroïne une oie blanche, une parfaite innocente. Le trouble est gâché par la réalisatrice, qui gomme la duplicité de Nélie. Par peur, sans doute, qu’on se mette à détester ce personnage, elle l’a rendu lisse jusqu’à l’inconsistance. — F.S.