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18 job 10

(taille reelle)
Mon âme est lasse de la vie ; je donnerai libre cours à ma plainte, je parlerai dans l’amertume de mon cœur.
Je dis à Dieu : Ne me condamne point ; apprends-moi sur quoi tu me prends à partie.
Trouves-tu du plaisir à opprimer, à repousser l’œuvre de tes mains, à faire luire ta faveur sur le conseil des méchants ?
As-tu des yeux de chair, ou bien vois-tu comme voient les hommes ?
Tes jours sont-ils comme les jours de l’homme, ou bien tes années comme les années d’un mortel,
pour que tu recherches mon iniquité, pour que tu poursuives mon péché,
quand tu sais que je ne suis pas coupable, et que nul ne peut me délivrer de ta main ?
Tes mains m’ont formé et façonné, tout entier, et tu voudrais me détruire !
Souviens-toi que tu m’as pétri comme l’argile : et tu me ramènerais à la poussière !
Ne m’as-tu pas coulé comme le lait, et coagulé comme le fromage ?
Tu m’as revêtu de peau et de chair, tu m’as tissé d’os et de nerfs.
Avec la vie, tu m’as accordé ta faveur, et ta providence a gardé mon âme.
Et pourtant, voilà ce que tu cachais dans ton cœur : Je vois bien ce que tu méditais.
Si je pèche, tu m’observes, tu ne me pardonnes pas mon iniquité.
Suis-je coupable, malheur à moi ! Suis-je innocent, je n’ose lever la tête, rassasié de honte, et voyant ma misère.
Si je me relève, tu me poursuis comme un lion, tu recommences à me tourmenter étrangement,
tu m’opposes de nouveaux témoins ; tu redoubles de fureur contre moi, des troupes de rechange viennent m’assaillir.
Pourquoi m’as-tu tiré du sein de ma mère ? Je serais mort, et aucun œil ne m’aurait vu.
Je serais comme si je n’eusse jamais été, du sein maternel j’aurais été porté au sépulcre.
Mes jours ne sont-ils pas bien courts ? Qu’il me laisse ! Qu’il se retire et que je respire un instant,
avant que je m’en aille, pour ne plus revenir, dans la région des ténèbres et de l’ombre de la mort,
morne et sombre région, où règnent l’ombre de la mort et le chaos, où la clarté est pareille aux ténèbres.