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PARIS, 10 juin 2009 (AFP) - Le village martyr d'Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne), où se rend mercredi le Premier ministre François Fillon, a été le théâtre il y a soixante-cinq ans d'un massacre de civils par les nazis.
Le 10 juin 1944, 642 personnes, dont 207 enfants et 245 femmes, de cette bourgade située à une vingtaine de kilomètres de Limoges, sont fusillés ou brûlés par une unité SS remontant de Toulouse vers le front de Normandie.
En début d'après-midi, 150 soldats de la 2e division Das Reich encerclent Oradour, sous le commandement du général Heinz Lammerding.
Prétextant un contrôle d'identité, ils rassemblent la population sur le champ de foire. Le village, qui abrite provisoirement des réfugiés, parmi lesquels une soixantaine d'Alsaciens et de Lorrains, est particulièrement animé en ce samedi.
Les SS réclament une liste d'otages, que le maire refuse de désigner, consentant seulement à se sacrifier lui-même et, au besoin, sa famille. Hommes, femmes et enfants sont alors séparés en deux groupes.
Les hommes sont répartis dans des granges, forges et garages, puis abattus à la mitrailleuse. Recouverts de paille, tous les corps sont brûlés. Cinq hommes parviendront à s'échapper.
Parallèlement, débute le massacre des femmes et des enfants, enfermés dans l'église. Les Allemands y répandent une sorte de gaz suffocant, puis mettent le feu. Une femme survivra.
D'autres soldats tuent au hasard des rues et des champs pour éliminer tout témoin, puis incendient le village.
Ralentie dans sa progression vers le nord par les sabotages de la Résistance, Das Reich s'était déjà livrée à des représailles sanglantes, destinées à priver les maquisards du soutien de la population. La veille, à Tulle (Corrèze), 99 civils avaient été pendus aux balcons et aux lampadaires.
La "gratuité" du massacre de ce village qui n'avait jamais résisté à l'occupant, en fait rapidement un symbole de la barbarie nazie, occultant en partie l'horreur de Tulle.
Les ruines d'Oradour sont classées monument historique en 1945.
Le 12 janvier 1953, sept Allemands et 14 Alsaciens (dont treize enrôlés de force dans la Wehrmacht) ont été jugés par le tribunal militaire de Bordeaux, qui prononcera deux condamnations à mort, commuées par la suite, et des peines de travaux forcés.
Le 20 février, une loi votée par le Parlement sous la pression des élus alsaciens hostiles à l'idée que "Malgré-nous" et soldats allemands puissent être mis sur le même plan, amnistiera les 13 "Malgré-nous", suscitant la colère à Oradour.
En signe de protestation, les représentants de l'Etat ne seront pas invités aux commémorations du massacre pendant plus de vingt ans.
Les déclarations du président François Mitterrand le 10 juin 1994, puis l'inauguration, en juillet 1999, du Centre de la Mémoire par le président Jacques Chirac ont traduit la réconciliation des mémoires locale et nationale.
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