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La Caune de l'Arago est un site préhistorique qui se trouve sur la commune de Tautavel, dans les Pyrénées-Orientales, dans une vaste cavité surplombant un cours d’eau pérenne, le Verdouble. Il a livré des restes humains attribués à l'homme de Tautavel et des vestiges lithiques du Paléolithique inférieur.
Connue depuis le milieu du XIXe siècle pour ses restes de faune, la Caune de l'Arago a commencé à livrer des industries préhistoriques à J. Abelanet en 1948. Depuis 1964, elle fait l’objet de fouilles systématiques dirigées par Henry de Lumley.
Son puissant remplissage, épais d'une dizaine de mètres, couvre la majeure partie du Pléistocène moyen et a fait l’objet de nombreuses tentatives de datations radiométriques parfois contradictoires [2],[3],[4]. Des âges limites d’environ 700 et 350 000 ans ont été obtenus par la datation à l'uranium-thorium pour des planchers stalagmitiques situés respectivement à la base (plancher 0) et au sommet (plancher α) de la séquence stratigraphique.

L'expression homme de Tautavel désigne un ensemble de fossiles d'hominidés du genre Homo, datant d'environ 300 à 450 000 ans BP (Pléistocène moyen) [1],[2],[3], et découverts dans la Caune de l'Arago près de la commune française de Tautavel (Pyrénées-Orientales) par l'équipe d'Henry de Lumley. L'industrie lithique associée est typique du Paléolithique inférieur européen [4].
Ces restes font l'objet d'interprétations phylogénétiques différentes selon les auteurs :

* pour certains, dont l'équipe des inventeurs, ils correspondent à une forme européenne d' Homo erectus pour laquelle le nom d'Homo erectus tautavelensis a initialement été proposé [5]. Dans ce cas, il s'agirait d'anténéandertaliens, des prédécesseurs de l'Homme de Néandertal sur le sol européen mais n'ayant pas nécessairement de lien de parenté avec lui.
* pour d'autres, il s'agirait de pré-Néandertaliens anciens, ancêtres directs de l'Homme de Néandertal [6],[7]. Ils sont alors considérés comme des représentants de l'espèce Homo heidelbergensis, au statut controversé.
L'homme de Tautavel est représenté par plus de 80 fragments fossiles. Le plus célèbre est un crâne incomplet découvert en plusieurs étapes : la face et le frontal (Arago XXI ; cf. illustration) ont été mis au jour le 22 juillet 1971 et le pariétal droit (Arago XLVII) a été retrouvé huit ans plus tard. Il s'agit des restes d'un individu mâle, âgé d'une vingtaine d'années, mesurant environ 1,65 m pour un poids de 45 à 55 kg. Son front était plat et fuyant et ses arcades sourcilières proéminentes (torus sus-orbitaire). Les surfaces d'insertion musculaire indiquent une musculature développée. La boîte crânienne a un volume de 1150 cm³.

Parmi les autres restes découverts, il convient de signaler deux mandibules, l'une d'une femme âgée d'une cinquantaine d'années (Arago II) et l'autre d'un jeune adulte mâle de 20 à 25 ans (Arago XIII).
L'Homme de Tautavel ne maîtrisait pas encore le feu : de rares ossements brûlés attestant de l'utilisation du feu à la Caune de l'Arago font leur apparition dans les dépôts ultérieurs, dont l'âge est compris entre 400 et 100 000 ans BP, et les témoins de combustion ne se généralisent qu'après - 100 000 ans.

L'habitat a révélé des restes de rhinocéros, de chevaux, mouflons, tahrs, bœufs musqués, bisons, cerfs et rennes[9]. Il est fort possible qu'il mangeait également de petits animaux. Certains chercheurs ont émis l'hypothèse qu'il était cannibale, et sans doute charognard davantage que chasseur. S'il était chasseur, son territoire s'étendait sans doute sur un rayon de 30 km (comme en témoignent également certaines roches importées pour son outillage[10]).

L'industrie lithique associée à l'Homme de Tautavel est interprétée tantôt comme un Tayacien ancien, tantôt comme un Acheuléen[11]. Quelques bifaces sont présents, mais ils sont rares compte tenu de la difficulté d'en réaliser sur les matériaux locaux, dont le quartz filonien.
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Une mandibule ante-néandertalienne d'Homo erectus extraite de la grotte de Tautavel
TAUTAVEL (Pyrénées-Orientales), 9 juil 2008 (AFP) - Une mandibule ante-néandertalienne découverte dans la grotte de Tautavel, qui devrait permettre de mieux connaître l'Homo erectus européen vivant en Roussillon il y a 450.000 ans, a été extraite mercredi du sol par les chercheurs.
Cette mandibule, mise au jour le 19 juin à l'emplacement d'un campement de chasseurs acheuléens situé dans la grotte, ou "Caune" de l'Arago, a été entièrement dégagée par les chercheurs du centre européen de recherches préhistoriques de Tautavel.
Mme Marie-Antoinette de Lumley, qui dirige les fouilles sur le site depuis 1964 avec son époux, le professeur Henry de Lumley, président du centre européen, a sorti, mercredi, la mandibule de terre.
Elle l'a ensuite présentée à une cinquantaine de chercheurs et d'étudiants participant aux fouilles, ainsi qu'à quelques personnalités, dont le préfet des Pyrénées-Orientales.
"C'est une découverte très importante, car il y a très peu de mandibules découvertes jusqu'à présent en Europe. Moins de 10 mandibules antérieures à 400.000 ans ont jusqu'ici été découvertes", a déclaré le professeur de Lumley.
"Elle permettra de comprendre, avec les trois autres mandibules découvertes sur le site de Tautavel, la variabilité et la diversité des Homos erectus européen. Elle apportera des données exceptionnelles, nouvelles, pour comprendre l'évolution des hommes et les premiers peuplements de l'Europe", a-t-il ajouté.
"C'est une mandibule d'une dame assez âgée, d'environ 30 ans, ce qui est élevé, car à l'âge préhistorique l'espérance de vie était de moins de 25 ans. Elle a été trouvée sur la même couche et à un mètre de distance que la précédente mandibule découverte le 10 septembre 2001, et qui appartenait à une jeune fille de 17 ans", a-t-il poursuivi.
M. de Lumley a estimé que la femme à qui appartenait cette mandibule "a dû être mangée par ses semblables, car elle gisait au milieu d'un amas d'ossements de grands herbivores".
Ces deux mandibules ont été trouvées sur un sol jonché d'ossements mélangés dans un charnier avec des ossements de chevaux, de bisons, de rhinocéros, de rennes, de boeufs musqués et de renards polaires, ce qui prouve, selon le professeur, que le climat à l'époque était beaucoup plus frais que celui du Roussillon actuellement.
La mandibule, baptisée "Arago 119", est le 119e reste humain retrouvé à Tautavel, un site incontournable pour l'étude des premiers habitants de l'Europe. Elle a été découverte par une jeune femme de 28 ans, Audrey Lee, qui participait à un stage de fouilles.
Selon le professeur de Lumley, 1000 m2 du site de Tautavel ont jusqu'à présent été soumis à des fouilles.
lab-ar/gr/bfr
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