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LUKE LA MAIN FROIDE, Stuart Rosenberg 1967 Paul Newman, George Kennedy (drame)@@

(taille reelle)
Pour s'être livré à des actes de vandalisme, Luke Jackson purge une peine de deux ans de prison dans un camp de travail. Il s'y lie d'amitié avec un autre détenu, Dragline, et devient bientôt le prisonnier le plus populaire grâce à son flegme et sa joie de vivre communicative.

TELERAMA
Luke est condamné au bagne. Charge contre les conditions pénitentiaires et prestation extraordinaire de Newman. Un rôle culte.
Il a le cool, Newman ! Et avec le rôle de Luke la main froide, il est passé maître en la matière. En un regard face caméra souligné d’un sourire narquois, l’acteur fait de ce personnage nihiliste (il décapite des parcmètres sans même chercher à récupérer l’argent), individualiste et asocial, un héros romantique sur lequel tout le monde projette ses propres fantasmes. Luke est condamné pour vandalisme et écope de deux ans de travaux forcés au sein d’un pénitencier du sud des États-Unis. Confronté à la bêtise et à la violence du système carcéral, Luke se bat avec ses armes dérisoires, l’ironie et le je-m’en-foutisme. Deux scènes magistrales posent le personnage : celle de la bagarre avec le caïd du camp, trop fort pour Luke mais face à qui il ne cédera pas, jusqu’à ramper dans la poussière mais décidé à se relever coûte que coûte. Autre scène d’anthologie, celle où il gobe cinquante œufs durs en une heure. Comble du pari inutile ! À la fin, étendu sur une table autour des coquilles vides, Luke sourit encore une fois face à l’inanité de son geste. Dans les deux scènes, Luke a tenu. Pourquoi ? Parce que sinon rien n’a d’importance, autant abandonner tout de suite…

Tourné à la fin des années 1960, alors que la révolution du Nouvel Hollywood frémit, le film est parfois un peu insistant avec ses zooms avant tonitruants, son personnage de maton inflexible aux lunettes miroir qui cachent son regard (la loi est aveugle…) et l’apparition de la mère de Luke trop chargée en pathos. Mais Paul Newman incarne avec une telle puissance l’absurdité de la condition humaine qu’on lui pardonnera beaucoup. Mister Cool gagne toujours à la fin.