Ecoute, bûcheron,
arrête un peu le bras;
Ce ne sont pas des bois
que tu jettes à bas
Ne vois-tu pas le sang
lequel dégoutte à force
Des nymphes qui vivaient
dessous la dure écorce ?
...
Pierre de Ronsard
Ecoute, bûcheron,
arrête un peu le bras;
Ce ne sont pas des bois
que tu jettes à bas;
Ne vois-tu pas le sang
lequel dégoutte à force
Des nymphes qui vivaient
dessous la dure écorce ?
Sacrilège meurtrier,
si on pend un voleur
Pour piller un butin
de bien peu de valeur,
Combien de feux, de fers,
de morts et de détresses
Mérites-tu, méchant,
pour tuer nos déesses ?
Forêt, haute maison
des oiseaux bocagers !
Plus le cerf solitaire
et les chevreuils légers
Ne paîtront sous ton ombre,
et ta verte crinière
Plus du soleil d'été
ne rompra la lumière.
Plus l'amoureux pasteur
sur un tronc adossé,
Enflant son flageolet
à quatre trous percé,
Son mâtin à ses pieds,
à son flanc la houlette,
Ne dira plus l'ardeur
de sa belle Janette
Tout deviendra muet,
Echo sera sans voix ;
Tu deviendras campagne,
et en lieu de tes bois
Dont l'ombrage incertain
lentement se remue,
Tu sentiras le soc,
le coutre et la charrue ;
Tu perdras le silence,
et haletants d'effroi
Ni satyres ni Pans
ne viendront plus chez toi.
Pierre de Ronsard
Le chêne de Marie-Antoinette, le doyen des arbres du parc du château de Versailles (Yvelines) planté il y a 324 ans, a été abattu mercredi 9 février 2006 peu après 12h30.
Tiré par deux tracteurs, l'arbre, victime de la canicule de l'été 2003, est tombé au sol en moins de deux minutes dans un dernier craquement et un bruit sourd.
Haut de 35 mètres, avec une circonférence du tronc de 5,5 mètres, le chêne planté en 1681 était l'un des rares arbres à avoir échappé à la régénération du parc ordonnée par Louis XVI en 1776.
Planté à proximité de l'allée de la Reine, entre le Grand canal et le Grand Trianon, il a ainsi été dénommé car la reine Marie-Antoinette (1755-1793) aimait profiter de son ombrage lorsqu'elle séjournait à Trianon.