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ALBATROS, Xavier Beauvois 2020, Jeremie Renier, Marie-Julie Maille (drame)@@

(taille reelle)
Laurent, un commandant de brigade de la gendarmerie d'Etretat, prévoit de se marier avec Marie, sa compagne, mère de sa fille surnommée Poulette. Il aime son métier malgré une confrontation quotidienne avec la misère sociale. En voulant sauver un agriculteur qui menace de se suicider, il le tue. Sa vie va alors basculer.

TELERAMA
En 2005, Xavier Beauvois racontait les débuts d’un « bleu » de la police judiciaire dans Le Petit Lieutenant. Les forces de l’ordre inspirent décidément le cinéaste : le héros de ce film est un gendarme. Et, comme il y a seize ans, Beauvois réussit à concilier réalisme quasi documentaire et sens du romanesque, description d’un métier et développement de personnages intenses.

Durant presque une heure, Albatros chronique avec brio le quotidien professionnel et intime de Laurent, commandant exemplaire de brigade à Étretat, mais, aussi, de la petite communauté normande dont il supervise la sécurité — et dont Beauvois, installé dans la région, connaît intimement les aspirations et les difficultés. Une routine faite de petites incivilités et de grands drames. Beauvois filme avec la même empathie, le même soin apporté au cadre et à l’image (superbe travail du chef opérateur Julien Hirsch), l’identification d’un suicidé qui s’est jeté de la falaise, l’adolescent sermonné parce qu’il conduit son scooter sans casque, ou encore un éleveur qui porte plainte pour le vol de ses outils avant de pleurer de rage contre les nouvelles directives européennes qui menacent son exploitation.

Puis, à mi-parcours, à la suite d’une tragédie, le récit bascule dans une tout autre dimension — sur laquelle on restera évasif, tant cette rupture narrative et la surprise qu’elle provoque participent de la puissance du film. Tout juste dira-t-on qu’Albatros devient plus introspectif et plus spectaculaire, collant au corps et à l’âme brisés de Laurent (Jérémie Renier, juste et émouvant de bout en bout), mais aussi à la résilience de sa compagne, Marie (formidablement interprétée par Marie-Julie Maille, coscénariste et cheffe monteuse du film). Beauvois est, certes, moins convaincant dans cette deuxième partie qui flirte parfois avec les clichés. Mais son audace à bousculer ainsi son récit, à sortir de sa zone de confort pour prendre le large, ne manque pas de panache.