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2011-05-02-abbottabad

(taille reelle)
C’est une maison blanche accrochée à la colline. Une villa cossue des quartiers chics d’Abbottabad, à 80 km de la capitale pakistanaise, bordée de champs de pommes de terre, d’eucalyptus et de cannabis sauvage. Une baraque à un million de dollars, selon les médias locaux, dans laquelle Oussama ben Laden, l’homme le plus recherché du monde, a coulé des jours paisibles pendant cinq ou six ans.

Il y a sept ans, Iqbal, un voisin, se souvient avoir vu la bâtisse se monter. «C’était bizarre, ils ont commencé par bâtir les murs, et ensuite la maison à l’intérieur», raconte-t-il à Libération (article payant). Des murs hauts de plusieurs mètres, surmontés de barbelés et de câbles électrifiés, le tout surveillé par moultes caméras.

Sodas, produits de marque et shampooing de bonne qualité

Dans l’une des six chambres à coucher, vivait Oussama ben Laden ainsi que sa femme, blessée dans l’intervention qui a coûté la vie au leader d’Al-Qaida. La maison abritait plusieurs femmes et enfants, selon les voisins. Iqbal raconte aussi que les propriétaires, deux frères pachtounes qui «semblaient très riches» et racontaient qu’ils possédaient «des centres commerciaux en Arabie saoudite», tuaient un mouton chaque semaine, signe «qu’il y avait du monde à l’intérieur».

Les commerçants du coin racontent que les habitants des lieux aimaient à accompagner leur mouton de sodas made in U.S.A, comme le Pepsi ou le Coca, que deux hommes sortaient acheter en voiture. Dans le panier de ces ménagères pas comme les autres, des produits de marque et du shampooing de bonne qualité, racontent encore les marchands. Les images diffusées après l’intervention montrent une étagère à pharmacie, des boîtes d’œufs et des bidons d’huile d’olive... Rien que de très classique.

Les ordures brûlées dans la cour

Difficile, cependant, de savoir ce qu’il se passait vraiment derrière l’enceinte de la villa d’Abbottabad. Une chose est certaine: ceux qui y vivaient évitaient soigneusement tout contact avec l’extérieur. La maison n'avait ni ligne téléphonique, ni connexion à Internet. Les ordures étaient brûlées dans la cour et personne n’était autorisé à y pénétrer, à part un fermier qui s’occupait des animaux et du potager, une domestique qui s’occupait de la cuisine et quelques rares villageois.

Les enfants du quartier racontent que parfois, en jouant au cricket, ils envoyaient une de leurs balles par-dessus le mur de la maison. «Nous sonnions à la porte pour la demander et nous nous faisions drôlement engueuler par les gardes. Ils préféraient nous donner un dollar pour en acheter une nouvelle, alors qu’une balle coûte trois fois moins.» carte