Au début des années 1970, une jeune fille naïve, Bess, qui vit dans une petite communauté sur la côte écossaise, tombe amoureuse de Jan, un homme mûr qui travaille sur une plate-forme pétrolière. Leur relation est passionnelle. Elle prie pour qu'il revienne, mais elle le retrouve paralysé après un accident de travail sur la plateforme, incapable de bouger et bien sûr d'avoir des relations sexuelles. Il ne veut pas qu'elle reste attachée à un homme paralysé, et souhaite qu'elle continue à vivre, à aimer, à être heureuse. Pour être sûr qu'elle puisse tomber amoureuse de quelqu'un d'autre, il lui demande de coucher avec d'autres hommes et de lui raconter les détails. Bess accepte et connaît des relations de plus en plus déviantes et dangereuses, constatant que la santé de Jan bénéficie de ses frasques et croyant agir selon la volonté de Dieu tout en se prostituant2.
Malgré l'hostilité de sa famille et le poids de la religion rigoriste de son village, elle tente de continuer à faire vivre cet amour, par procuration, aux limites de la perversité, jusqu'à un sacrifice ultime. Le carcan religieux qui l'entoure est inapte à la comprendre et à l'aider, et ajoute à l'humiliation qu'elle s'inflige. Jusqu'à sa propre mère qui la renie et la chasse de chez elle. L'anathème qu'elle subit dépasse même sa mort : son enterrement officiel par les hommes de l'église est placé sous le signe de la damnation. Lors de son immersion officieuse en mer, depuis la plateforme pétrolière, son mari qui a retrouvé l'usage de ses jambes et ses collègues entendent des cloches dans le ciel et le spectateur les voit. Elles célèbrent la catharsis de la victime sacrificielle et symbolisent l'arrivée de Bess au royaume des cieux
TELERAMA:
Breaking the waves décrit l'éveil d'une femme que le puritanisme a littéralement dépecée. Bess vit à fleur de peau. Les gestes de tous les jours deviennent tous sensuels, irrémédiablement liés à sa passion pour Jan. Emily Watson est inoubliable, avec ses regards par en dessous et ses fous rires intérieurs. En mouvement permanent, elle a toujours l'air de ressentir les choses pour la première fois. Est-ce cette renaissance perpétuelle qui rend le film si poignant, si vivace ?