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bach (jean-sebastien) - motet 227 jesu meine freude@@@@

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Jesu, meine Freude est un motet composé par Jean-Sébastien Bach. L'œuvre prend son titre, son texte et sa mélodie principale d'un cantique du même nom de Johann Crüger. Les versets (8:1–2, 9–11) de l'Épître aux Romains sont utilisés en alternance avec le cantique, un texte répondant à l'autre. La musique est au service du texte, l'illustrant souvent de manière figurative et inventive.
Bien que des recherches récentes suggèrent que l'oeuvre a été composée et construite à plusieurs époques différentes, l'ensemble forme une structure très cohérente avec une architecture d'ensemble parfaitement symétrique.
Ce motet est le plus ancien et le plus complexe des motets de Jean-Sébastien Bach, et un des plus connus et exécutés.

La mélodie chorale à partir de laquelle Bach a élaboré son motet provient d'un cantique luthérien de Johann Crüger. Elle apparaît pour la première fois dans l'important hymnaire luthérien Praxis pietatis melica (« Pratique de la piété par la poésie chorale ») de cet auteur, dans lequel Bach puise régulièrement les thèmes mélodiques et les texte de ses chorals. La mélodie de ce cantique, écrit en 1653, est de Crüger et le texte en allemand du poète Johann Franck, ami et collaborateur de CrügerCa 1. Bach a également utilisé des parties de ce cantique dans les cantates BWV 12, BWV 64, BWV 81, et BWV 873.
Le poème de Franck est divisé en 6 strophes qui forment les 1e, 3e, 5e, 7e, 9e et 11e partie du motet. Son thème est Jésus comme joie et support, face aux ennemis et à la vanité de l'existence. Sa forme est irrégulière, avec des vers de 5 à 8 pieds3
Les paroles chantées dans les 2e, 4e, 6e, 8e et 10e parties sont issues de la Bible luthérienne, l'Épître aux Romains, de l'apôtre Paul (8:1–2, 9–11).

Bach construit donc son motet en faisant alterner le poème de Franck avec un texte biblique, celui-ci illustrant, commentant ou enrichissant le message du poème. Globalement, le message du poème de Franck est « la mort bienheureuse qui délivre des maux et des souffrances du monde pour mener à la contemplation du Christ » tandis que l'épître affirme la nature spirituelle, et non matérielle, de l'Homme .
Mais Bach ne se contente pas d'alterner, il réalise ce mélange par une vaste structure symétrique en arche (chiasme) autour du mouvement central (le n°6, la seule fugue du motet), où les mouvements en regard sont traités musicalement de la même manière. L'aspect symétrique de l'œuvre est encore accentué par le nombre de mesures de part et d'autre du mouvement central : respectivement 190 et 189 mesures.
Cette structure chiastique en elle-même symbolise le Christ dans la métaphysique musicale de l'époque. En effet, le chiasme est représenté par la lettre grecque χ (Chi), qui est aussi symétrique par rapport à son centre. Or, cette lettre est à la fois la première lettre du nom Grec du Christ χριστός / christós, et sa forme rappelle également la croixGo 1,Ca 2. On retrouve cette structure chiastique et ce symbolisme chez Bach notamment dans la Passion selon Saint Jean.
L'élément central, la fugue Ihr aber seid nicht fleischlich, attire l'attention par sa position et sa forme de fugue, unique dans ce motet. Le message de cette fugue semble être le message central du motet « Or vous ne vivez pas selon la chair, mais selon l'Esprit, si du moins l'Esprit de Dieu habite en vous » (Rm 8,9).