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MORLAND (George), l orage - BRASSENS (Georges), l orage

(taille reelle)


L’orage rajeunit les fleurs

Charles BAUDELAIRE - Les Fleurs du mal

George MORLAND - l'orage 1790
ses œuvres respirent la simplicité et la fraîcheur de la campagne. Avec une légèreté de touche et un usage très spirituel de la couleur, le peintre sait nous rendre de façon très attachante des petites scènes prises sur le vif, comme dans ce tableau de Rouen. S’agit-il d’une fuite devant un orage ou bien de la rencontre opportune entre une mère accompagnée de son enfant, perdus, et un paysan du coin ? Le sujet est incertain mais l’intérêt du tableau réside surtout dans l’art avec lequel un grand coloriste sait rendre la force d’un orage par un dégradé de valeurs autour d’une grande tache de blanc au centre du tableau ; ou encore comment il sait rendre la menace de cet orage avec une petite touche de rouge sur le manteau de la femme, perdue au milieu de cette nature sombre, rendue quasiment monochrome par l’orage qui approche.

Illustration musicale: Georges BRASSENS - l'orage

Parlez-moi de la pluie et non pas du beau temps
Le beau temps me dégoûte et m'fait grincer les dents
Le bel azur me met en rage
Car le plus grand amour qui m'fut donné sur terre
Je l'dois au mauvais temps, je l'dois à Jupiter
Il me tomba d'un ciel d'orage
Par un soir de novembre, à cheval sur les toits
Un vrai tonnerre de Brest, avec des cris d'putois
Allumait ses feux d'artifice
Bondissant de sa couche en costume de nuit
Ma voisine affolée vint cogner à mon huis
En réclamant mes bons offices
"Je suis seule et j'ai peur, ouvrez-moi, par pitié
Mon époux vient d'partir faire son dur métier
Pauvre malheureux mercenaire
Contraint d'coucher dehors quand il fait mauvais temps
Pour la bonne raison qu'il est représentant
D'une maison de paratonnerres"
En bénissant le nom de Benjamin Franklin
Je l'ai mise en lieu sûr entre mes bras câlins
Et puis l'amour a fait le reste
Toi qui sèmes des paratonnerres à foison
Que n'en as-tu planté sur ta propre maison
Erreur, on ne peut plus funeste
Quand Jupiter alla se faire entendre ailleurs
La belle, ayant enfin conjuré sa frayeur
Et recouvré tout son courage
Rentra dans ses foyers faire sécher son mari
En m'donnant rendez-vous les jours d'intempérie
Rendez-vous au prochain orage
À partir de ce jour j'n'ai plus baissé les yeux
J'ai consacré mon temps à contempler les cieux
À regarder passer les nues
À guetter les stratus, à lorgner les nimbus
À faire les yeux doux aux moindres cumulus
Mais elle n'est pas revenue
Son bonhomme de mari avait tant fait d'affaires
Tant vendu ce soir-là de petits bouts de fer
Qu'il était devenu millionnaire
Et l'avait emmenée vers des cieux toujours bleus
Des pays imbéciles où jamais il ne pleut
Où l'on ne sait rien du tonnerre
Dieu fasse que ma complainte aille, tambour battant
Lui parler de la pluie, lui parler du gros temps
Auxquels on a tenu tête ensemble
Lui conter qu'un certain coup de foudre assassin
Dans le mille de mon cœur a laissé le dessin
D'une petite fleur qui lui ressemble