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18 job 03

(taille reelle)
Alors Job ouvrit la bouche et maudit le jour de sa naissance.
Job prit la parole et dit :
Périsse le jour où je suis né, et la nuit qui a dit : « Un homme est conçu ! »
Ce jour, qu’il se change en ténèbres, que Dieu d’en haut n’en ait pas souci, que la lumière ne brille pas sur lui !
Que les ténèbres et l’ombre de la mort le revendiquent, qu’un nuage épais le couvre, que l’éclipse de sa lumière jette l’épouvante !
Cette nuit, que les ténèbres en fassent leur proie, qu’elle ne compte pas dans les jours de l’année, qu’elle n’entre pas dans la supputation des mois !
Que cette nuit soit un désert stérile, qu’on n’y entende pas de cri d’allégresse !
Que ceux-là la maudissent, qui maudissent les jours, qui savent évoquer Léviathan !
Que les étoiles de son crépuscule s’obscurcissent, qu’elle attende la lumière, sans qu’elle vienne, et qu’elle ne voie point les paupières de l’aurore,
parce qu’elle ne m’a pas fermé les portes du sein, et n’a pas dérobé la souffrance à mes regards !
Que ne suis-je mort dès le ventre de ma mère, au sortir de ses entrailles que n’ai-je expiré !
Pourquoi ai-je trouvé deux genoux pour me recevoir, et pourquoi deux mamelles à sucer ?
Maintenant je serais couché et en paix, je dormirais et je me reposerais
avec les rois et les grands de la terre, qui se sont bâti des mausolées ;
avec les princes qui avaient de l’or, et remplissaient d’argent leur demeures.
Ou bien, comme l’avorton ignoré, je n’existerais pas, comme ces enfants qui n’ont pas vu la lumière.
Là les méchants n’exercent plus leurs violences, là se repose l’homme épuisé de forces ;
les captifs y sont tous en paix, ils n’entendent plus la voix de l’exacteur.
Là se trouvent le petit et le grand, l’esclave affranchi de son maître.
Pourquoi donner la lumière aux malheureux, et la vie à ceux dont l’âme est remplie d’amertume,
qui espèrent la mort, et la mort ne vient pas, qui la cherchent plus ardemment que les trésors ;
qui sont heureux, qui tressaillent d’aise et se réjouissent quand ils ont trouvé le tombeau ;
à l’homme dont la route est cachée et que Dieu enferme de toutes parts ?
Mes soupirs sont comme mon pain et mes gémissements se répandent comme l’eau.
Ce que je crains, c’est ce qui m’arrive ; ce que je redoute fond sur moi.
Plus de tranquillité, plus de paix, plus de repos, et le trouble m’a saisi.