On peut avec quasi-certitude établir la genèse des «Vêpres» aux grands services religieux où Rachmaninov enfant entendit des chœurs majestueux ainsi qu’à l’admiration qu’il porte à la musique de Tchaïkovski. Sa «Liturgie de saint Jean Chrysostome» fut en quelque sorte le moteur qui amena Rachmaninov à composer ses «Vêpres».
De la christianisation en 988 jusqu’au 17e siècle, la musique religieuse russe était calquée sur l’idéal byzantin, fondé sur le système de huit tons des musiciens byzantins. La polyphonie fit son entrée dans les églises par la suite grâce à l’arrivée du patriarche Nikon. Ce n’est que vers la fin du 19e siècle, sous l’égide de Stepan Smolenski, qu’on assistera à une renaissance de ces anciens genres monodiques. Rachmaninov étudiera d’ailleurs ces anciens textes liturgiques avec Smolenski et dédiera les «Vêpres» à sa mémoire.
Le titre russe Vsenoshchnoye Bdeniye signifie littéralement «la grande louange du soir et du matin». La traduction française par «vêpres» ne concerne en fait qu’un aspect du mot. Les «Vêpres» représentent la principale œuvre de musique religieuse du compositeur. Rachmaninov les aimait beaucoup. Après «Les Cloches», c’est, disait-il, celle de ses œuvres qu’il préférait. Il avait une certaine prédilection pour le cinquième hymne qu’il avait prévu pour son propre enterrement; quant au neuvième chant, il le cita en 1936 dans le finale de sa dernière symphonie.