Étudiante en littérature anglaise, Anastasia Steele se rend à Seattle dans les bureaux de Christian Grey, jeune homme d'affaires déjà à la tête d'un empire de télécom. Elle remplace sa colocataire malade, apprentie journaliste qui devait l'interviewer pour le magazine de l'université. Grey tombe sous le charme de cette jeune femme réservée. Au jeu de la séduction, les forces semblent bien distribuées.
TELERAMA
Les nuances, on en cherchera vainement cinquante, ni dix, ni cinq, mais on trouvera quelques soupçons d'alchimie. Il est vrai que Dakota Johnson a beaucoup de charme dans le rôle de l'étudiante à qui s'offre un avenir de « soumise ». Et Jamie Dornan réussit à donner de la gravité au fameux M. Grey, le « dominant ». Si le courant passe entre les deux comédiens, leurs personnages n'ont rien d'autre à faire qu'à se prêter à un jeu du chat et de la souris tout au long duquel ils sont régulièrement ramenés chez papa, chez maman.
La question de l'autorité est là, dans ces scènes familiales infantilisantes, par ailleurs ineptes, bien plus que dans les pratiques sadomasos du joli couple... Dans la « chambre rouge » équipée de fouets, on ne s'émancipe pas. Les relations sont définies par contrat : l'esprit « corporate » envahit la sphère du sensuel, la gestion d'entreprise et la négociation d'avocat à avocat trouvent de désespérants échos dans un langage amoureux très safe et pas très sexe. Ce film qu'on pouvait espérer provocateur, tant qu'à faire, finit même, avec un regard bien puritain, par désigner les fantasmes de M. Grey comme ceux d'un pauvre malade... qui ne demande qu'à guérir ! On nage en pleine hypocrisie.
« Lâcher prise », claironne l'affiche du film. Sur le plateau, la réalisatrice, Sam (pour Samantha), et E.L. James, l'auteur du roman Cinquante Nuances de Grey, devenue productrice, se sont livrées à une véritable guerre du contrôle. Qui ne profite à personne.