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JE SUIS TON HOMME, Maria Schrader, Dan Stevens, Maren Eggert (science fiction)@@

(taille reelle)
Alma, une brillante scientifique, se révèle être une parfaite candidate pour se prêter à une expérience d'intelligence artificielle : pendant trois semaines, elle doit en effet vivre avec Tom, un robot à l'apparence humaine parfaite, qui a été spécialement programmé pour correspondre à sa définition de l'homme idéal. L'existence de cette machine anthropomorphe ne doit servir qu'un seul but : rendre Alma heureuse.

TELERAMA
Une intellectuelle et un androïde conçu pour être l’amoureux idéal... C’est le drôle de couple de ce film allemand, qui mêle comédie et philosophie.
Rencontrer l’amour et avoir une vie heureuse : cette quête éternelle trouve une illustration nouvelle et séduisante devant la caméra d’une cinéaste allemande dont on avait repéré le talent (avec Stefan Zweig, adieu l’Europe, 2016) mais pas encore la fantaisie. L’héroïne qu’elle a imaginée semble, d’abord, terriblement sérieuse. Alma est une spécialiste de la plus ancienne langue connue, le sumérien cunéiforme, et c’est seulement pour financer ses recherches au musée de Pergame, à Berlin, qu’elle a accepté de se mettre dans une situation cocasse : pendant trois semaines, elle va tester Tom, un androïde conçu pour répondre à tout ce qu’elle attend d’un homme. « Tes yeux sont deux lacs alpins où je veux me noyer », lui déclare d’emblée le bellâtre robotisé, la laissant consternée. Ce partenaire idéal semble avoir déjà besoin d’une mise à jour...

Dans cette comédie romantique pas comme les autres, l’évolution n’est pas là où on le croit. L’être artificiel, qui a longtemps fasciné romanciers et philosophes, n’est plus qu’un algorithme parmi d’autres, un objet connecté un peu plus sophistiqué et parfaitement crédible – comme l’acteur Dan Stevens qui interprète Tom. La singularité, aujourd’hui, est du côté de la femme. Contrairement à ce que Tom a statistiquement calculé, Alma ne fait pas partie des 93 % d’Allemandes dont le rêve est de prendre un bain au milieu des bougies et des pétales de roses, une coupe de champagne à la main. Tout en s’amusant avec beaucoup d’esprit des situations où se retrouve cette intellectuelle chargée d’expérimenter la relation amoureuse de demain, la réalisatrice Maria Schrader fait d’elle un symbole d’indépendance très actuel. Non, Alma n’est pas satisfaite, contrairement à cet homme qu’elle croise dans la rue, « testeur » lui aussi et enchanté par la poupée de chair conçue pour lui. Non, Alma ne veut pas ouvrir son cœur simplement parce que Tom a été réglé pour le faire battre. Elle veut comprendre ce qui se joue entre eux, vraiment – ou artificiellement.

Dans le sillage de ce beau personnage, admirablement incarné par Maren Eggert, I’m Your Man ouvre, sans renoncer à l’humour, est une réflexion sur l’être humain et sur le bonheur. À l’heure où la technologie nous habitue à flirter avec le futur, le film apporte une inconnue : nos aspirations, le mystère de ce que nous sommes. Dans un café, ce drôle de Tom, un peu extraterrestre quand même, s’étonne de voir un couple regarder en riant des vidéos d’enfants et d’adultes qui prennent d’abominables gadins. Ces images familières sur Internet défilent au ralenti et semblent soudain dire sur nous quelque chose d’important : notre joie spontanée de ne pas être des automates parfaitement réglés. Une découverte d’Alma va dans le même sens : l’écriture du IVe siècle avant Jésus Christ ne comportait pas seulement des significations précises mais des métaphores, la preuve que l’homme a toujours eu besoin de poésie. En convoquant le rire, l’imagination et la pensée, cette brillante comédie féministe peut se targuer d’être 100 % humaine.